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résultats seraient déjà obtenus. Que voyons-nous au contraire aujourd’hui ? Le roi de Piémont vaincu et humilié, le pape fugitif et presque déposé, le roi de Naples irrité et vainqueur en face de ses deux capitales ensanglantées, les Croates à Milan, et partout les folies de la licence ou les vengeances de la force, deux fléaux au lieu de deux bienfaits. N’est-ce pas là la reproduction presque littérale de ce qui s’était passé dans d’autres temps, et n’est-il pas à regretter que les Italiens n’en aient pas au moins cru leur propre histoire ?

Quant à l’Espagne, patrie de M. le duc de Rivas, elle éprouvera sans doute un autre sentiment en lisant cette étude historique sur le soulèvement de 1647 : c’est le bonheur d’avoir échappé pour son propre compte à la secousse révolutionnaire qui vient de bouleverser l’Europe. Sous ce rapport, le cœur tout espagnol de M. le duc de Rivas doit être satisfait. Il fut un temps, et ce temps n’est pas bien loin de nous, où l’Espagne avait aussi ses Masaniello et ses Annese. Chez elle, l’expérience était récente, et elle n’a pas voulu la recommencer. Il faut espérer que le souvenir du sort misérable d’une révolution, démocratique et sociale d’autrefois, ainsi évoqué en présence des révolutions démocratiques et sociales d’aujourd’hui, contribuera à la maintenir dans cette voie de paix et de salut. C’est là certainement le plus grand succès que puisse ambitionner un aussi excellent patriote que M. le duc de Rivas. Je ne parle pas de la France ; on a déjà vu si elle n’avait pas quelque chose à reconnaître dans la république royale des Lazares napolitains.


LÉONCE DE LAVERGNE.