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celle dont nous avons exposé l’organisation et prouvé la vitalité féconde ? Nous appelons sur ces questions importantes l’attention de nos hommes d’état. Les populations, arabe et javanaise présentent des analogies frappantes. L’exploitation agricole de l’Algérie soulève précisément les problèmes que le gouvernement colonial de Java a si heureusement résolus. Il y a là des leçons et des exemples qui appellent les plus sérieuses méditations de la France.

Nous ne saurions mieux terminer cette étude qu’en insistant sur cet intérêt qu’aurait la France à s’éclairer sur l’état actuel des Indes néerlandaises. En montrant l’influence d’un bon système d’administration sur la prospérité agricole et commerciale de Java, nous avons indiqué les traits principaux d’un immense tableau, où les détails ont aussi leur importance et sont d’une variété infinie. Il nous a suffi de noter quelques-uns de ces détails, dont l’examen attentif aurait démesurément agrandi notre tâche : c’est ainsi que, sur le code colonial promulgué dernièrement (1er  mars 1848), sur l’organisation gouvernementale et administrative, sur l’organisation de l’armée et de la marine, sur les finances et le commerce, nous nous en sommes tenu à quelques notions essentielles, à quelques aperçus généraux. Il y aura peut-être lieu de revenir un jour sur ces parties du vaste édifice dont l’ensemble a surtout attiré notre attention ; mais ce que, dès à présent, nous tenons à exprimer, c’est le sentiment de profonde sympathie qui nous a constamment guidé dans le cours de nos appréciations. Au nombre de nos plus chers, de nos plus précieux souvenirs se placeront toujours ceux que nous a laissés cette hospitalière et féconde terre de Java, qui nous eût consolé de l’exil, si rien pouvait consoler de la patrie absente. Au nombre de nos convictions les plus inébranlables se place aussi depuis long-temps celle dont nous aimons, en traçant ces dernières lignes, à reproduire l’expression : c’est que les colonies hollandaises de l’archipel oriental sont au premier rang parmi les établissemens destinés à propager l’influence et la civilisation européennes dans l’extrême Orient.


A.-D. DE JANCIGNY.