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tellement exacte des conditions physiques du sol et du caractère des habitans, que l’étude des institutions ne peut être séparée ici de l’étude des lieux et des coutumes : quand on connaîtra ce que la nature a fait pour Java, on sera plus à même d’apprécier ce que les hommes ont tenté pour développer et compléter son œuvre.

Java s’étend sur l’Océan indien comme un immense ruban de verdure de plus de deux cents lieues de long sur une largeur moyenne de trente lieues. Elle est située au sud, mais à peu de distance de l’équateur et dans une direction légèrement oblique à l’intersection de ce grand cercle avec la surface terrestre. Au sud et à l’est, elle est baignée par la mer des Indes, au nord par la mer fermée de Java. Au nord-ouest, elle n’est séparée de Sumatra que par le détroit de la Sonde, large de quelques lieues seulement ; au sud-est, elle touche presque à Bali. — Les vents régnans de novembre en avril sont les vents d’ouest et nord-ouest ; avec eux commence la saison des pluies torrentielles : c’est la mousson ou saison humide. De mai à novembre soufflent les vents d’est et sud-est : c’est la saison sèche. Pendant la mousson de nord-ouest, les mois de décembre et janvier sont les plus humides ; pendant la mousson de sud-est, les mois de juillet et août sont les plus secs. Ces deux moussons affectent une régularité remarquable dans la mer de Java : dans les détroits et dans l’intérieur de l’île, l’inégalité des surfaces en modifie les effets. La régularité des vents périodiques dans la mer de Java et les petites mers voisines fait la sûreté de la navigation, en sorte que les eaux de l’océan relient plutôt qu’elles ne séparent les innombrables îles de l’archipel et les tiennent en communication constante avec Java, la plus riche et la plus importante de toutes. Le climat de Java, grace aux accidens du sol et à de nombreux cours d’eaux, est d’une chaleur moyenne : humide et chaud dans le voisinage des côtes, moins chaud et comparativement sec dans l’intérieur du pays. Sur les côtes, la température et l’état du ciel varient assez peu ; dans l’intérieur, au milieu des montagnes, de brusques changemens dans la constitution électrique de l’atmosphère amènent des orages fréquens, mais passagers. La différence moyenne annuelle des températures, pour l’île entière, ne dépasse pas, à ce qu’il paraît, 17 degrés centigrades. La chaleur la plus forte peut aller, dans de certaines localités, jusqu’à 37 où 38 degrés centigrades : la température la plus basse qui ait été observée au sommet des montagnes est de 1 degré au-dessous de zéro du même thermomètre. À Batavia, la température moyenne est de 27 à 28 degrés centigrades. Le vent d’est est quelquefois brûlant et son action sur la nature animale et végétale est débilitante ; mais l’influence de la mousson pluvieuse fait plus que balancer les inconvéniens de la saison sèche, et le climat moyen de Java est, en somme, l’un des plus sains du monde entier. Les déboisemens