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Les cauris, sorte de petites écailles qu’on recueille en abondance aux îles Maldives, sont une monnaie qui a cours à Iddah comme dans tout le Soudan. M. Allen a calculé qu’un tonneau rempli de cauris, rendu en Angleterre, valait, en comptant le fret, environ 30 sous.

La polygamie est en usage dans toute cette partie de l’Afrique. À Iddab, la règle est d’avoir trois femmes ; mais les chefs ont des harems de vingt à cinquante houris. Quant au roi, il en possède plusieurs centaines. On sait du reste que le sexe le plus faible n’est pas traité, en Afrique, avec la superbe inhumanité dont on l’a trouvé victime, lors de la découverte du Nouveau-Monde, parmi les Indiens qui peuplaient l’Amérique. La lecture des relations de Mungo-Park, Clapperton. Lander, Caillié, prouve qu’on rencontre fréquemment, au milieu des tribus non civilisées de l’intérieur du continent africain, tous les sentimens qui honorent l’espèce humaine, et entre autres l’amour de la famille, le dévouement, la reconnaissance, la générosité envers les êtres malheureux et souffrans. Ces bonnes dispositions disparaissent parfois sous l’empire des passions du moment. Qui s’en étonnerait ? Apprend-on aux Africains à refréner leurs mauvais penchans ? leur enseigne-t-on à discerner le bien et le mal ? N’ont-ils pas, au contraire, sous les yeux les exemples de tous les vices auxquels s’abandonnent leurs chefs et leurs prêtres ? La lumière ne leur est venue de nulle part. L’Europe elle-même n’a eu de rapports avec l’Afrique que pour y fomenter les violences de la traite des noirs.

Mais d’où vient, dira-t-on, que la civilisation ne s’est pas développée en Afrique comme dans les pays occidentaux ? La nature africaine ignorerait-elle ce besoin de progrès qui tourmente les hommes d’Occident ? manque-t-elle d’activité ? est-elle inférieure ? On a écrit sur ces questions de gros volumes, et des travaux de toute sorte. En Angleterre, en France, on les a discutées avec vivacité, avec passion. En effet, tout débat de cette nature avait en perspective, d’une part l’abolition de l’esclavage, de l’autre le salut des intérêts coloniaux. Aujourd’hui que l’émancipation est un fait accompli en France comme en Angleterre, on peut, Dieu merci, aborder ce sujet en toute liberté d’esprit, et, nous l’espérons, sans provoquer l’irritation de personne, en France où dans les pays d’outre-mer. Nos observations ne s’appliquent d’ailleurs qu’aux Africains qui habitent l’Afrique, car les noirs des colonies sont dans des conditions bien différentes.

Le développement de notre civilisation sur cet immense continent rencontre trois obstacles principaux : la loi de Mahomet, le climat, le caractère des habitans.

La loi de Mahomet promet dans l’autre vie des jouissances matérielles, et autorise dans celle-ci une grande indulgence pour les passions