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courage de la tenter et la gloire de la conduire à bonne fin. Partis de Plymouth, le 9 janvier 1830, ils se rendirent à Boussa. Ce fut seulement le 20 septembre qu’ils se trouvèrent en mesure de commencer la descente du fleuve. Deux mois après, le 17 novembre, ils arrivèrent en vue de l’Océan Atlantique, où le Niger verse ses eaux par une multitude de canaux. Les intrépides et heureux voyageurs prirent celui qui se jette, sous le nom de Rio-Noun, au lieu appelé cap Formose, entre les golfes de Benin et Biaffra. Ils parvinrent ainsi à la mer[1].

La découverte de Lander compléta les informations obtenues par les voyageurs qui, depuis cinquante ans, s’étaient relayés sur les routes du Niger. L’énigme offerte par les géographes de l’antiquité à la pénétration des savans de notre âge était donc devinée. De courageux et nobles aventuriers avaient déterminé le passage du. Niger sur divers points autres que ceux signalés par les voyageurs principaux. Ainsi, la source de ce fleuve avait été reconnue par Laing. Un Français, le seul malheureusement qui tienne un rang élevé parmi ces voyageurs, presque tous originaires de la Grande-Bretagne, avait décrit la plus grande partie du cours supérieur des mêmes eaux. L’entreprise heureuse des deux Lander clôt la série des voyages dirigés par l’association anglaise. À ce terme de ses travaux, elle put, en reportant ses yeux sur la carte du Soudan, qu’elle avait trouvée presque blanche, constater avec satisfaction les immenses progrès qui avaient été faits. Que de richesses scientifiques révélées au monde en quelques années ! Une immense étendue de pays, plus de huit cents lieues en longitude, avait été parcourue par différens voyageurs, depuis la côte occidentale jusqu’au royaume de Bornou. Un des plus grands lacs du monde, véritable mer intérieure, source et réceptacle de rivières imposantes, le lac Tchad, avait été reconnu. On avait constaté l’existence de fleuves considérables : le Chary, le Yeou, le Niger. Des villes bien peuplées, des industries inconnues, des cultures nouvelles, une civilisation au berceau, ou, qui sait ? peut-être en décrépitude, avaient été surprises et révélées tout à coup. C’était comme si l’on eût tiré un rideau cachant au spectateur européen des montagnes, des bois, des vallées, des eaux, et un peuple jouant, au milieu de cette décoration, la comédie et le drame de la vie humaine.

  1. Le capitaine Allen, en rapportant cette mémorable découverte, s’exprime ainsi : « La solution du problème qui avait excité si vivement l’intérêt de tant de générations a donc été trouvée par des voyageurs dont les moyens étaient des plus modestes, tandis que des expéditions organisées à grands frais avaient échoué. Un piéton solitaire a découvert le Niger, si long-temps caché, et il a tracé une partie de son cours à travers des contrées dont nul n’avait jusqu’alors entendu parler. Deux jeunes gens, sans entourage, s’aventurant dans une frêle barque, sur ce fleuve mystérieux, ont été portés à des régions inconnues, à plus de six cents milles, au lieu où il termine son cours dans le vaste Océan. »