passage assez étroit à quelque distance de Tione, passage que les Autrichiens ne pouvaient éviter en venant du Limarò. Il ne restait donc dans le village de Tione que trois cent cinquante hommes, avec lesquels il fallait tenir tête à quelques milliers de soldats du Tyrol autrichien, soutenus peut-être par de l’artillerie. On plaça des vedettes tout le long du chemin de Stenico à Tione, pour ne pas être surpris, et on barricada le pont de Storo, ainsi que plusieurs points alentour du village. Ainsi préparés, ces volontaires attendirent les événemens. La fortune les favorisa. Au lieu des soldats autrichiens, ce furent des colonnes attardées et amies qui arrivèrent au secours des assiégés : les colonnes Arcioni, Tibaldi, Thanberg, Mannara, qui formaient en tout près de deux mille hommes.
Ces auxiliaires, qui arrivaient fort à propos, étaient partis le 24 de Milan, tandis que l’abbé Meneghelli n’en était parti que le 28. D’où venait ce retard ? La colonne Mannara, qui se composait des membres les plus distingués de la jeunesse milanaise, s’était dirigée, en quittant Crême, vers Brescia, et de là sur Salò, où se tenait le général Allemandi. S’étant emparée du bateau à vapeur qui fait le service du lac, cette légion, composée de quatre cents hommes, forma le projet de descendre au village de Desenzano et de l’occuper. Cette expédition entraîna quelques retards qui en assurèrent le succès. De retour à Salò, la colonne Mannara reçut du général Allemandi l’ordre de se porter sur le rivage opposé du lac, entre Vérone et Peschiera, pour observer les mouvemens de l’ennemi. La colonne obéit ; mais, mécontente du rôle peu glorieux d’explorateur qui lui était assigné, elle employa ses loisirs à l’attaque de la poudrière de Peschiera, dont elle s’empara en faisant prisonniers les Croates qui la gardaient. Les volontaires se trouvèrent, par ce fait, disposer de cinq cent barils de poudre, qu’ils firent embarquer sur-le-champ pour Salò, tandis qu’eux-mêmes occupaient le village de Castel-Nuovo, pour protéger l’embarquement. Le général Allemandi reçut, avec les cinq cents barils de poudre, une demande de renfort du commandant Mannara, qui déclarait ne pouvoir suffire, avec sa petite troupe, à conserver la position de Castel-Nuovo. Il discutait avec ses aides-de-camp la convenance de l’envoi demandé, lorsque Castel-Nuovo fut attaqué par un corps de deux mille Croates. Les volontaires postés sur la rive du lac opposée à celle où est située le village de Castel-Nuovo s’empressèrent de courir aux armes ; mais une trahison, que j’ai racontée ailleurs, prolongea leur navigation sur le lac pendant toute une nuit, et ne leur permit d’aborder qu’après l’incendie du village et le massacre du plus grand nombre des jeunes compagnons du capitaine Mannara. Les Croates avaient pu se retirer en laissant des traces sanglantes de leur passage. Sans insister sur ce triste épisode de la guerre du Tyrol, il est impossible de ne pas témoigner