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s’assurer le concours du nouveau gouvernement de la Lombardie. Malheureusement ils avaient commis une première faute, la même qui attira sur Venise tant d’embarras et de désastres. Le drapeau tricolore qui flottait sur les églises des hameaux tyroliens était surmonté du bonnet phrygien : le Tyrol avait proclamé du même coup son indépendance et sa foi républicaine. Pour les Vénitiens, la république était un glorieux souvenir ; pour les Tyroliens, qui ignoraient le mouvement des idées modernes et le savant mécanisme du régime constitutionnel, c’était la seule forme de gouvernement possible en dehors de l’absolutisme autrichien. Au moment où le Tyrol se prononçait si nettement, la Lombardie était sous l’influence toute-puissante du Piémont, et le Piémont ne pouvait consentir à l’établissement, dans les vallées tyroliennes, d’une forme de gouvernement qui ne leur eût pas permis de s’unir à un pays monarchique. Il était évident que la Lombardie ne prêterait aux républicains du Tyrol qu’une assistance fort tiède, d’autant plus que les seuls auxiliaires qu’elle pût leur envoyer étaient précisément les volontaires des corps francs, presque tous inscrits dans les rangs de la jeune Italie et disciples de Joseph Mazzini. L’ignorance où l’on était sur l’esprit de ces populations les protégea, il est vrai, dans le premier moment, et la députation tyrolienne, qui, conduite par le prêtre Meneghelli, vint à Milan solliciter le concours des Lombards, fut d’abord favorablement accueillie. Le plan de défense que Meneghelli proposait au gouvernement fut accepté. Ce plan se réduisait à quelques dispositions que le général en chef des troupes lombardes approuva complétement.

Les Tyroliens demandaient 2,000 hommes pour défendre l’entrée de leur pays. Ces 2,000 hommes devaient pénétrer dans le Tyrol par Brescia et s’emparer du Limarò, montagne située à droite de la Vallée du Soleil, et dominant l’un des étroits passages qu’il faut nécessairement traverser pour se rendre du Tyrol à Brescia. Après avoir laissé un détachement à la garde du Limarò, le reste du corps franc poursuivrait sa route en longeant le bord des deux vallées jusqu’au chemin qui conduit de la vallée de Non à l’extrémité du lac de Garda. Là, un second détachement serait demeuré ; il aurait occupé Riva, bourg situé à l’extrémité du lac, tandis que le gros du corps serait entré dans la vallée de Non, aurait longé le fleuve qui la traverse, serait descendu jusqu’à l’extrémité sud-est de la vallée, et en serait sorti en passant entre les deux villages appelés Mezzo-Lombardo et Mezzo-Tedesco, placés, comme deux sentinelles, des deux côtés du passage par où le fleuve Noce s’échappe de la vallée, et se jette dans l’Adige à quelques lieues au-dessus de Trente. — Les Tridentins, disait l’abbé Meneghelli, tiennent leurs regards sans cesse tournés vers ce point, d’où doit leur venir le secours qu’ils attendent. — La population est prête à agir : il n’y a donc