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la barbe taillés comme M. Beauvallet dans Polyeucte, les yeux dévotement levés vers un plafond décoré d’amours et de polkeuses, récitent en soupirant une paraphrase fouriériste du Pater ; l’église se tient à Valentino. Voilà les catacombes à nos nouveaux chrétiens ! Il n’y aura jamais assez de cordes au fouet de la satire pour fustiger les intrigans où les niais qui éprouvent tant de charme à pervertir l’imagination du pauvre peuple de nos villes. Eh quoi ! la satire aurait trop à faire, si elle voulait frapper partout où on la provoque ; partout, en haut comme en bas, il y a toujours maintenant quelque sens qui manque. Ce temps est ainsi fait, qu’il n’est plus honteux d’avouer qu’on a vendu son cœur, parce qu’on avait besoin d’argent ; lisez la préface des Confidences de M. de Lamartine.

Nous ne pouvons terminer ce tableau de : nos souffrances morales et politiques sans nous transporter dans un pays où le venin de notre exemple s’est propagé peut-être plus activement qu’ailleurs ; c’est encore nous que nous retrouvons au-delà des Alpes, et l’esprit qui perd nos voisins n’est qu’une copie de celui contre lequel nous nous débattons chez nous. Prenons un peu ce fatal miroir, et regardons-nous-y ; voici presque nos traits, et certainement notre œuvre.

Il n’est pas en effet de spectacle plus affligeant que celui de la malheureuse Italie, envahie maintenant et possédée par l’anarchie sur trois de ses points les plus considérables, en Piémont, où Gènes arrive à jouer vis-à-vis de Turin le rôle de Livourne vis-à-vis de Florence ; en Toscane, où les démonstrations des rues sont le procédé normal de la politique officielle ; à Rome enfin, où des intrigans et des étrangers fomentent la plus absurde des guerres civiles. Le grand vainqueur du pape, le prince de Canino, ne se déconcerte pas pour avoir été désavoué par son cousin de France : il se présente à la fois comme candidat national à la couronne de fer et comme aspirant légitime à la dictature de la république romaine. Naples seul est tranquille ; le roi bombardeur, re bomba, comme l’appellent les républicains d’Italie, assure pourtant à ses états une paix plus douce et plus stable que cette glorieuse liberté dont les héros des clubs et des barricades usent de la façon qu’on sait. On ne peut apprécier tout le dommage que la faction républicaine cause à l’Italie. Elle ne brille ni par les hommes ni par les idées ; elle se fabrique un pays qui n’est pas le vrai pays, une vie publique qui n’est pas la vie possible. À peu d’exceptions près, elle ne se risque pas aux batailles ; elle n’a pas essayé de gagner ses éperons sur la rive du Mincio ; elle a passé le temps à comploter dans les cafés, pendant que le roi Charles-Albert et ses fils tenaient la campagne. Elle a semé la discorde et la haine, et, au lieu de faire cause commune avec les princes pour l’affranchissement de l’Italie, quand les princes entraient eux-mêmes en ligne, elle leur a donné clairement à comprendre qu’une fois l’Italie délivrée par leurs armes, on les récompenserait en les coiffant du bonnet rouge. Grace à l’ignorance et a la mollesse naturelle des populations italiennes, cette faction de journalistes et d’avocats a pourtant pris assez d’empire pour distancer et déborder partout les libéraux modérés, à qui l’Italie devait, depuis quelques années, le premier élan de sa résurrection. Quant à ceux-là, où bien ils n’ont plus été les maîtres d’arrêter le branle, ou bien ils y ont eux-mêmes plus cédé qu’ils ne voulaient, et se sont abandonnés à la dérive sur des voies qui n’étaient pas les leurs. C’est ainsi qu’ils se voient presque tous, à l’heure qu’il est ? soit dans l’impuissance,