dont ils sont chargés ; mais ils seraient obligés de signaler leurs créanciers, sur lesquels l’état aurait son recours.
Pour les professions libérales dont l’exercice n’est pas privilégié, on est réduit aux conjectures. Leur personnel est flottant, leur travail capricieux, leur rémunération soumise a mille éventualités. L’imprévu dans l’emploi du temps et dans le revenu est la principale cause de l’état précaire auquel semblent condamnées les personnes qui vivent d’un travail intellectuel. Les alternatives involontaires de verve et de découragement, d’abondance et de pénurie, font obstacle à cette régularité d’existence, richesse des professions positives. Malgré tout, le contingent de l’esprit et du savoir dans la répartition des profits sociaux est plus considérable que la foule dédaigneuse n’est portée à le supposer.
L’ordre des avocats compte environ 7,000 membres, à en juger par le tableau des inscriptions, où on comptait 7,421 noms en 1835 et 6,649 seulement en 1842. Il n’y a peut-être pas le tiers des titulaires qui vivent des honoraires gagnés au barreau. Chaque cour de justice se glorifie de deux ou trois célébrités qu’escorte un groupe de praticiens laborieux et occupés. Pour les avocats sans cause, il y a les agences d’affaires, la rédaction des mémoires, les études théoriques, les emplois pour lesquels la connaissance des lois est un titre. En somme, en faisant descendre jusqu’à 1,000 francs le revenu des hommes de loi le moins employés, on trouve, pour l’ordre entier une recette de plus de 30 millions.
Le corps médical compte environ 12,000 docteurs en médecine, 8,000 officiers de santé, et peut-être 12,000 individus dont le métier rattache à l’art de guérir, comme pharmaciens et herboristes. Qu’on apprécie hiérarchiquement les situations, depuis le docteur en renom qui rend ses oracles à prix d’or, jusqu’au pauvre officier de santé qui trotte sur un cheval efflanqué de village en village, jusqu’au docteur plus à plaindre encore, celui des grandes villes, qui, dans l’attente d’une clientelle, est condamné à jouer l’homme affairé, à dépenser en frais de représentation l’argent qu’il ne gagne pas : malgré les déceptions et la gêne du plus grand nombre, on trouvera que le corps médical, pris dans son ensemble, réalise au moins 80 millions.
Parmi les personnes vouées à l’instruction publique, les unes, attachées, à des établissemens de l’état et soldées par le budget, sont classées, suivant l’économie du projet de loi, dans le groupe des fonctionnaires. 280 collèges communaux de premier ou de second ordre, 24 institutions de plein exercice, 2,000 institutions où pensionnats, 6,000 écoles libres occupent un nombre considérable de personnes, en qualité de directeurs, économes, régens répétiteurs, surveillans. Les maisons d’éducation destinées aux jeunes filles offrent d’égales ressources aux femmes instruites. En outre, les leçons particulières de langues, de sciences, de dessin, de musique, d’arts d’agrément, font