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nouvelles, on peut réduire ce nombre de moitié en attribuant à l’ensemble de ces travaux une valeur d’un milliard. Qu’on y ajoute le prix des innombrables réparations, celui des travaux d’utilité publique soi. Dès par le gouvernement où par les administrations locales, les dépenses de premier établissement des chemins de fer, et le total dépassera 1,500 millions. Mais additionner cette somme avec le total de la production industrielle, ne serait-ce pas faire double emploi et renouveler la faute que nous avons reprochée à la statistique officielle ? Tous les élémens matériels qui entrent dans le prix d’une construction, la pierre, la charpente, la serrurerie, l’ornementation, ont été compris dans le tableau qui précède : les capitalistes, les architectes, les ingénieurs, sont classés, suivant le projet de loi, dans les autres catégories de contribuables. Les ouvriers à la journée sont exemptés de la taxe.

Au commerce des denrées et des objets fabriqués s’allie intimement le commerce de l’argent, c’est-à-dire la réalisation des bénéfices procurés par les escomptes, les changes et les mouvemens d’espèces. Évaluer à 12 milliards le roulement des valeurs de toutes sortes escomptées par les banques publiques et particulières, c’est être modéré. Ces valeurs n’ayant en moyenne que trois mois de date, le total équivaut à 3 milliards pour l’année entière. À 4 pour 100, l’escompte doit fournir 120 millions ; mais cette somme n’est pas tout bénéfice pour les banquiers ; il en faut déduire l’intérêt des capitaux dont ils ont le maniement, soit à titre de fonds social, soit comme dépôt accidentel ; plus, les frais d’exploitation et de correspondance. Nous supposons qu’il faut réduire à 60 millions les bénéfices de ceux qui font travailler l’argent ; le contingent des capitalistes commanditaires des banquiers sera estimé plus loin dans la catégorie des placemens à intérêt.

La récapitulation des profits commerciaux et industriels donne les résultats suivans :


Revenu net des négocians et des industriels Taxe sur ce revenu, à raison de 3 pour 100
Commerce sur les produits de l’exploitation agricole, et principalement sur les vivres 600,000,000 18,000,000
Industrie manufacturière et spéculation sur les marchandises fabriquées 995,000,000 29,850,000
Profits des escomptes et du commerce de l’argent 60,000,000 1,800,000
1,655,000,000 49,650,000

Ce résultat suffirait pour démontrer ce qu’il y a d’exorbitant dans le système de la commission, puisque, un prélèvement de 3 pour 100 sur le revenu (déduction faite de la patente) excède d’un tiers la patente même. La loi du 25 avril 1844, qui a procuré un léger dégrèvement, n’impose au commerce qu’une charge de 2 pour 100, si nos calculs sont exacts. Le nombre des patentés, en 1846, s’est élevé à 1,173,254,