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qui doivent s’en vêtir, a fourni des profits à six ou sept catégories d’entrepreneurs, sans compter le contingent de ceux qui ont vendu la matière première ou fabriqué les machines, sans compter la rente des capitaux engages, sans compter le prix de la main-d’œuvre. De même que le coton est matière première pour le filateur, le fil est matière première pour le tisseur, la toile pour l’imprimeur, les étoffes en pièces pour le marchand en gros, les étoffes assorties pour le marchand en détail. Nous allons matérialiser cet exemple en le traduisant en chiffres.

100,000 kilogrammes de coton en laine, achetés en Amérique par un négociant armateur, donnent lieu aux ventes et aux bénéfices suivans :


Francs
Vente par le négociant de 100,000 kil, de coton, à 1fr. 50 c., soit 150,000 fr., bénéfice net, à 5 pour 100 7,500
Vente par Le filateur de 100,000 kil. de fil, à 3 fr., soit 300,000 fr., bénéfice net ; à 5 pour 100 15,000
Vente par le tisseur de 100,000 kilogr. de tissus, à 5 fr., soit 509,000 fr., bénéfice net, à 4 pour 100 20,000
Vente par l’imprimeur de 100,000 kil, de toiles imprimées, à 10 fr., soit 1,000,000 fr., bénéfice net, à 3 pour 100 30,000
Vente par le négociant de 1 00,000 kil, d’étoffes en pièces, soit 1,000,000 fr., bénéfice net, à 4 pour 100 40,000
Vente par les détaillans de 100,000 kil, d’étoffes assorties, soit 1,200,000 fr., bénéfice net (non-valeurs déduites), à 10 pour 100 120,000
Transports successifs de 100,000 kil, sous formes diverses, soit 30,000 fr., bénéfice, net, à 10 pour 100 3,000
Prix définitifs de 100,000 kil, fabriqués et, revendus au détail, 1,230,000 fr., bénéfices nets 235,500

À ce compte, un revenu net de 235,500 francs, réparti peut-être entre une vingtaine de spéculateurs, procurerait au fisc, à raison de 3 pour 100, une somme de 7,065 francs sur 1,230,000 de marchandises. Ce chiffre exprimé seulement les bénéfices industriels et commerciaux : nous évaluerons le revenu des capitaux consacrés à ces opérations dans une des quatre catégories fiscales.

Ce qui vient d’être dit relativement aux diverses élaborations du coton est applicable aux autres industries qui transforment la laine, le lin, la soie, les cuirs, les bois, les métaux. Dans chacune de ces spécialités, l’inconnue que nous cherchons, le montant des bénéfices industriels et commerciaux réalisés par la série des entrepreneurs, doit représenter le cinquième où le quart du prix de vente. Nous ne croyons pas nous éloigner de la réalité en ajoutant que les élémens dont se compose la valeur commerciale des objets manufacturés sont combinés dans la proportion suivante :


pour 100
Impôts sous diveses formes, au moins 10
Intérêt des capitaux engagés ou circulans 5
Achat de matières premières 10