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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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14 mars 1849.

Pour des gens habitués comme nous le sommes à d’interminables commotions, pour des gens blasés par l’abus des sensations et des secousses politiques, voilà vraiment quinze jours de repos. À peine une séance orageuse dans l’assemblée nationale, à peine un banquet, et quel banquet ! à l’association fraternelle des cuisiniers démocrates !

La constituante a fait et parfait sa loi sur le conseil d’état, malgré l’affluence des amendemens. Le conseil d’état sera composé de quarante membres, et non pas de trente-deux, comme il avait été convenu ; ce sont toujours huit places à prendre. Les avis du conseil seront obligatoires pour le pouvoir exécutif, quand il s’agira de révoquer les agens et de dissoudre les corps publics sortis de l’élection on administrera comme on pourra dans ces lieus d’un ombrageux républicanisme : — il est probable que l’assemblée aura voulu protéger contre M. Faucher les maires de village qui tiennent trop au bonnet rouge. Enfin, ce sera la constituante qui élira tous les membres de ce conseil d’état la veille même de sa propre dissolution, les imposant d’avance à ses successeurs de la législative, et laissant à ceux-là, pour tout droit, la permission de remplacer une moitié des conseillers, lorsque, dans un intervalle de deux mois, cette moitié aura été elle-même éliminée par la voie du sort. Le plus clair résultat de ces précautions prises par un certain patriotisme en défiance continuelle de l’avenir, n’est-ce pas pourtant de multiplier ainsi dans l’avenir les chances de conflit ?

Puis on a repoussé la demande d’enquête. Quelle enquête ? direz-vous. L’aviez-vous donc oubliée ? Ne vous souvenez-vous plus de la fameuse conspiration des ministres, de leur 18 brumaire, de l’attentat du 29 janvier, dont tous les fils accusateurs étaient dans la main de M. Ledru-Rollin. Le huis-clos parlementaire a couvert trop long-temps ce mystère d’iniquité dont les gardiens en titre de la république faisaient d’avance les honneurs avec une passion si acharnée. Le mystère était éventé, la passion n’était plus que réchauffée, quand il a fallu apporter tout cela au grand jour de la tribune. Il s’est trouvé ce-