Page:Revue des Deux Mondes - 1848 - tome 24.djvu/923

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

NELLY.

DERNIÈRE PARTIE.

V.


Le lendemain, Fernand et Manille, tous deux à cheval et l’un derrière l’autre, suivaient le chemin qui va de Toulon à Fontgravière.

— Parbleu ! Manille, viens par ici, s’écria Fernand, et dis-moi an peu ce que tu penses de l’étrange idée qu’on a de me marier.

— C’est une idée, monsieur, qui s’est trompée de date.

— Crois-tu donc qu’elle eût été mieux accueillie venant plus tôt ou plus tard ?

— Que sais-je ? comme dit un philosophe de votre pays.

— Ce philosophe est un impertinent. T’imagines-tu par hasard, mon drôle, qu’il y ait un grand régal à s’ennuyer à deux avec le divertissement d’une nichée de marmots, venus on ne sait ni comment ni pourquoi ?

— Tout cela dépend de la couleur des cheveux et de la forme du nez. Mettez que l’une des deux personnes dont vous parlez ressemble à la dame que nous avons quittée tout à l’heure, et l’autre y trouvera incontinent son paradis.

— Voilà que tu déplaces la question. Tu me parles de Toulon quand je te parle de Fontgravière, répliqua Fernand un peu confus.