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alliées se croyaient en présence d’un pouvoir sincère et sérieux. Ou il n’était pas sincère ou il n’était pas sérieux. L’incident semblait révéler un désaccord entre l’Allemagne théorique, l’Allemagne de l’avenir, et un grand état de l’Allemagne réelle, de l’Allemagne d’aujourd’hui ; mais ce désaccord apparent n’entraîna pourtant point de lutte entre l’autorité de la Prusse et l’autorité centrale. Les pleins pouvoirs de la Prusse traitant au nom de la confédération germanique furent confirmés par le lieutenant-général de l’empire. En même temps le Danemark, sans intention de reprendre les hostilités, donnait quelque extension au blocus et pesait, par l’embouchure de l’Elbe et du Weser, sur le commerce de Hambourg et de Brême. L’Angleterre, la Russie et la Suède adressaient de leur côté de vives représentations à Francfort. Malmoë redevint pour la seconde fois le théâtre d’une tentative d’arrangement. La Prusse s’y présenta avec des exigences fort semblables à celles dont le général Wrangel s’était armé pour repousser l’armistice ; on demandait de nouvelles concessions au Danemark, principalement au sujet du Lauenbourg, des positions militaires à reprendre en cas de rupture, et du gouvernement des duchés. Dans l’intervalle survint un événement heureux pour le Danemark, et qui ne fut point sans influence sur les discussions diplomatiques de Malmoë.

La France, qui, dans les premiers mois de la république, avait vu avec indifférence la querelle du Danemark et de l’Allemagne, et qui avait évité de s’expliquer sur la garantie de 1720, n’avait plus, après les déclarations de Francfort sur la Lombardie et la Pologne, les mêmes raisons d’ajourner son avis sur la question du Schleswig. Elle l’eût même exprimé plus tôt, si ce n’est qu’au moment où elle allait le faire, elle eût couru le danger de paraître à la suite de l’Angleterre et de la Russie. N’ayant à cet égard aucun engagement, elle avait retardé de quelques semaines pour mieux choisir son heure, et, la croyant venue, elle avait adressé à la fois à Francfort et à Berlin une note catégorique, dans laquelle elle rappelait le traité de 1720 et se reconnaissait pour garante des droits du Danemark sur le Schleswig. Cette déclaration, qui coïncidait avec les nouvelles négociations de Malmoë, devait fortifier l’action des trois puissances amies du Danemark et faciliter la signature du nouvel armistice. Une convention a effectivement été signée le 26 août, la Prusse agissant en son nom propre et au nom de la confédération germanique. Cette puissance a obtenu du Danemark des concessions jusqu’alors refusées, mais qui ne sont point sans compensations. Par exemple, l’armistice est conclu pour sept mois, et il éloigne ainsi le péril de la guerre en hiver au moment où le Danemark serait privé en grande partie de ses ressources maritimes et de celles de ses alliés. Il est vrai que, dans l’hypothèse de la reprise des hostilités, les puissances belligérantes doivent réoccuper non point leurs positions d’avant