Page:Revue des Deux Mondes - 1848 - tome 24.djvu/828

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

LA


GUERRE DU SOCIALISME.




I.

LA PHILOSOPHIE REVOLUTIONNAIRE ET SOCIALE.


I. — De la Société première et de ses Lois, par M. de Lamennais.

II. — Le Droit au Travail et le Droit de Propriété, par M. Proudhon.




Savoir que l’on a pour soi le bon sens, la raison, la science, mais les voir privés de leur plus belle vertu, la force lumineuse et pénétrante qui subjugue les convictions ; éprouver les élans les plus énergiques du dévouement, mais les sentir ployer comme les muscles du lutteur qui s’affaisse sous la pression aveugle et brutale de la sottise, de la folie ou du crime ; adorer dans son ame la vérité et la justice, et douter de leur triomphe : c’est la douleur amère que les révolutions infligent aux esprits fidèles qui ont résolu de ne point céder à leurs débordemens. J’ai sous les yeux vingt publications consacrées à la réfutation du socialisme ; il s’y trouve vingt fois plus d’argumens et de preuves qu’il n’en faudrait, en un temps heureux, auprès d’intelligences saines et libres, pour mettre à néant cette ridicule et désastreuse erreur. En parcourant ces pages savantes, éloquentes, libérales, lorsqu’on songe aux malheurs qu’elles n’ont pu épargner, on se demande avec un frisson de découragement à quoi servent nos débiles tentatives contre ces tempêtes humaines