Holstein par un lien administratif et indissoluble. Ils appuient en droit leur prétention sur une charte profondément oubliée et plus que suspecte de l’an 1460, d’après laquelle les duchés seraient éternellement unis, indépendans et héréditaires seulement en ligne mâle, ce qui serait une considération grave en un moment où la ligne masculine de la dynastie danoise menace de s’éteindre.
La population allemande ne s’est répandue dans le Schleswig méridional qu’à partir du XIVe siècle ; elle y est étrangère. Les Allemands objectent, il est vrai, que la langue germanique est depuis le moyen-âge celle de l’administration et du gouvernement, et même, dans un grand nombre de districts, celle de l’enseignement et de l’église. Ce fait s’explique par la présence sur le sol d’une noblesse allemande qui, sous des ducs allemands et sous une dynastie de rois allemands mis en possession de la couronne danoise, a su accaparer l’administration du pays, et ce même fait est la réfutation péremptoire des accusations dirigées par la presse germanique contre la prétendue tyrannie du gouvernement danois. La nationalité germanique est persécutée, confisquée par la race danoise ! Eh quoi donc ! les Allemands arrivent dans le duché à la faveur des circonstances historiques en qualité d’hôtes et d’étrangers ; ils y sont reçus fraternellement, ils s’y établissent, ils y prennent possession de toutes les hautes fonctions, ils font prévaloir leur langue dans l’enseignement, dans l’église et dans l’état, et c’est le germanisme qui est opprimé ! Il n’était pas même inquiété, et le tort des gouvernemens danois qui ont précédé le gouvernement actuel, c’est justement d’avoir toujours fermé les yeux sur les empiétemens des fonctionnaires, de la noblesse et de la langue germaniques, c’est d’être restés sourds aux plaintes de la race danoise qui se sentait peu à peu envahie, débordée par l’esprit allemand, les mœurs et les idées allemandes.
A l’époque du mouvement rétrograde qui succéda en Allemagne à l’élan patriotique et libéral de 1814, la liberté de la presse fut suspendue dans les états de la confédération ; le roi de Danemark dut, aux termes de l’acte fédéral de Vienne, adopter cette mesure pour son duché de Holstein. Le reste du royaume, avec le duché de Schleswig, y échappait, et demeurait naturellement sous le régime plus ou moins libéral de la loi danoise ; mais les fonctionnaires allemands du Schleswig, subissant l’influence de ceux du Holstein, et obéissant à cette pensée de réaction qui triomphait en Allemagne, prirent sur eux de supprimer de fait la liberté de la presse dans le Schleswig. C’est ainsi qu’en toutes choses le gouvernement danois et la race danoise persécutaient et étouffaient le germanisme dans le duché de Schleswig.
Voici donc ce qui résulte de tous les débats élevés sur ce point d’histoire et de politique entre les publicistes des deux pays : c’est que le Schleswig appartient par le droit de nationalité comme par le fait au