Page:Revue des Deux Mondes - 1848 - tome 24.djvu/744

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tandis qu’aux termes de l’instruction de 1650, toute intervention de la part du gouverneur dans les affaires de la justice était sévèrement défendue.

Lors de la constitution de 1798, la république batave accepta la propriété des possessions de la compagnie aux Indes avec toutes ses dettes, dont la plupart, au reste, avaient été garanties par l’état. L’administration des colonies fut alors confiée en Europe à un collége dépendant du gouvernement, et dès-lors aussi le gouverneur-général fut regardé comme l’unique représentant immédiat du pouvoir suprême en Hollande, et ne put être nommé ou révoqué que par lui. Les colonies néerlandaises de l’Inde entrèrent dans une ère nouvelle.


II

La commission nommée en 1802 par le gouvernement, pour examiner sur quel pied les relations commerciales seraient continuées dans les colonies des Indes orientales et quelle administration il faudrait y établir, déclara que toutes les instructions existantes devaient subir une révision, même en ce qui concernait le gouverneur-général. Son rapport du 31 août 1803 renfermait, à ce sujet, les observations suivantes :

« L’expérience a démontré l’utilité, la nécessité de l’établissement d’un fonctionnaire à la tête de nos possessions des Indes orientales, sous le titre de gouverneur-général. Cette haute charge ajoute encore à la dignité du gouvernement, surtout aux yeux des peuples indiens, habitués à une autorité despotique, et qui ne montreraient pas le même respect pour un pouvoir qui leur semblerait limité, divisé. Aussi la commission générale envoyée aux Indes en 1791, quoique revêtue d’un pouvoir suprême, préféra-t-elle laisser au gouverneur-général, pendant son séjour, toute l’autorité à laquelle les peuples orientaux étaient habitués depuis deux siècles. La nature de cette charge et la série d’occupations multipliées qui s’y rattachent sont telles, qu’elle ne peut guère être remplie que par une seule personne mise au courant, par une longue expérience, de toutes les particularités qui y sont relatives. »

Le pouvoir suprême conféré au gouverneur-général devait comprendre aussi, dans l’idée de la commission, le commandement des forces de terre et de mer. On sait que la compagnie des Indes orientales avait pourvu de ses propres fonds à la défense de ses possessions jusqu’en 1780. Depuis lors, le gouvernement hollandais envoya plus d’une fois des navires de guerre aux Indes ; mais les fausses idées que les commandans de ces navires s’étaient faites du gouvernement des colonies amenèrent, à plusieurs reprises, des difficultés presque inextricables ; il n’était pas jusqu’à des capitaines de frégate qui ne refusassent de recevoir des ordres du gouverneur-général. Tantôt ils considéraient ce