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« la base du système gouvernemental des Indes » jusqu’à la dissolution de la compagnie, ou plutôt jusqu’à l’arrivée du maréchal Daendels. Elle suffira, avec l’instruction de 1617, à nous donner une idée de l’organisation du pouvoir dans les possessions néerlandaises de l’Orient durant la période où le gouvernement colonial, relevant d’une compagnie de marchands, dut porter surtout le caractère d’une grande administration commerciale. L’article 1er des ordonnances et instructions de 1617 est ainsi conçu :


« Attendu qu’un gouverneur-général est indispensable, en cas de vacance du poste de gouverneur-général, il y sera pourvu par le choix parmi les conseillers et à la majorité des voix. Le gouverneur-général ainsi élu exercera jusqu’à nouvel ordre tous les pouvoirs d’un gouverneur-général nommé en Europe. Il y aura (est-il dit ensuite) neuf conseillers des Indes, dont quatre seront toujours près du gouverneur-général pour l’aider, et qu’il pourra envoyer en mission où bon lui semblera.

« Le premier des conseillers sera un koopman[1] (marchand) de capacité reconnue, que le gouverneur choisira parmi les négocians de l’Inde ; il s’occupera exclusivement des affaires de commerce, soit à Batavia, soit dans toute autre possession où il pourra être envoyé. — Le deuxième sera un marin expérimenté ayant le titre de vice-amiral, et qui sera employé par le gouverneur-général et les conseillers à toutes les affaires de mer. — Le troisième sera un capitaine[2] expérimenté pour les expéditions de terre. — Le quatrième sera un jurisconsulte, lequel sera pour les affaires de justice, et sera en même temps fiscal. — Le cinquième sera un directeur-général de tous les comptoirs. — Le sixième sera un vice-gouverneur et directeur pour tous les comptoirs et forts aux Moluques. — Le septième sera un vice-gouverneur et directeur pour les forts et comptoirs de la côte de Coromandel. — Le huitième sera un vice-gouverneur et directeur pour l’île d’Amboine et ses dépendances. — Le neuvième sera directeur et vice-gouverneur des îles de Banda-Neyra, Poulo-Ay, Poulo-Rhun, Lontoir, Gounong-Api, etc. Tous ces conseillers forment, avec le gouverneur-général, un collége (ou une cour) dont le gouverneur-général est le président, et où il vote le premier. En cas de partage, son vote emporte la majorité[3]. »


L’instruction de 1650 modifia cette disposition organique ; elle reconnut au gouverneur un pouvoir souverain sur tous les comptoirs, forts et autres possessions de la compagnie, sur ses vaisseaux, sur ses officiers et ses employés. On lui avait adjoint six conseillers ordinaires en permanence (conseillers des Indes) et deux conseillers extraordinaires avec voix consultative, formant tous ensemble un collège présidé par le gouverneur, et au sein duquel se discutaient toutes les affaires

  1. Nous ferons remarquer l’analogie qui se rencontre entre cette dénomination et celle de Senior Merchant, qui a été en usage pendant de si longues années aux Indes anglaises.
  2. Nous avons conservé cette expression, qui désigne évidemment ici l’homme spécial et non le grade dont il est effectivement revêtu.
  3. Le texte dit : « Son vote comptera pour deux, » ou : « Il aura double voix. »