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ont compris, au bout d’un certain temps, la nécessité de se fondre en une seule association, sous la protection et avec le concours du gouvernement. Pour l’un et l’autre peuple, le point de départ a été le commerce, le point d’arrivée l’empire. Cependant cette analogie, qui se soutient jusque dans les détails, est beaucoup moindre pour la dernière des périodes que nous avons indiquées que pour les deux autres. Cette circonstance remarquable d’un pouvoir suprême et sans contrôle réel, exercé par le roi sur les colonies, devait donner et a donné en effet un caractère particulier aux gouvernemens coloniaux néerlandais, principalement à celui de Java, depuis 1816. Pourtant, à toutes les époques, un gouverneur-général et un conseil ont été reconnus nécessaires, ou au moins ont été établis à la tête de l’administration coloniale, et, à toutes les époques, le pouvoir du gouverneur-général a été considérable ; mais ce pouvoir a subi de notables variations, et, après avoir brillé du plus vif éclat avec des hommes tels que Koen, Van Goens, Mossel, après avoir décru entre les mains faibles ou inhabiles de Sieberg, de Wiese, il s’est relevé jusqu’au despotisme sous l’étreinte passionnée de Daendels[1].

L’occupation anglaise a laissé peu de traces de son passage, et son influence nous paraît avoir été désorgcinisatrice de fait, bien que libérale et paternelle d’intention. La nécessité de centraliser le pouvoir s’est fait sentir de plus en plus-à dater de cette époque, et les modifications apportées de 1816 à 1836 aux règlemens pour l’administration suprême ou la conduite du gouvernement aux Indes orientales témoignent des convictions du gouvernement de la mère-patrie à cet égard. Ces mêmes convictions et la crainte évidente de laisser une trop grande liberté d’action aux gouverneurs-généraux ont eu pour résultat l’envoi, trop fréquent peut-être, de commissaires-généraux représentans du roi et munis de ses pleins pouvoirs[2].

Les ordonnances et instructions de 1617, 1632 et 1650, les mesures adoptées d’après les suggestions du baron Van Imhoff en 1740, le rapport des commissaires du gouvernement envoyés à Java en 1791 et 1793, les ordonnances de réorganisation des commissaires-généraux en 1816, les règlemens de 1818, 1819, 1823, 1827, 1830, enfin celui

  1. Ici, comme aux Indes anglaises, il semble qu’une sorte d’inspiration providentielle ait déterminé le choix des hommes auxquels le gouvernement a confié le sort de ses colonies dans les momens difficiles. Certes, les Indes néerlandaises ont eu leurs grands hommes, et, parmi ceux-ci, le véritable fondateur de la puissance hollandaise à Java, Koen, occupe le premier rang.
  2. A l’un de ces commissaires-généraux, Van den Bosch, appartient l’honneur d’avoir révélé à sa patrie et au monde entier la valeur réelle de Java comme mine agricole aussi inépuisable que variée dans ses produits, et c’est à cet homme d’état, immortel introducteur du système des cultures à Java, et devenu ministre des colonies en 1834, que l’Inde néerlandaise a dû le dernier arrêté organique qui la régit (1836).