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la circulation. C’est dans cette pensée que, dès l’année 1826, on avait interdit à toutes les banques anglaises l’émission des billets de moins de 5 livres sterling ; c’est encore dans le même esprit qu’a été proposé par sir Robert et adopté par le parlement le fameux bill de 1844, qui limite en de certaines conditions les émissions des banques anglaises. Il faut donc montrer comment se gouvernent ces émissions de billets. On verra que, si elles avaient été assez irrégulières jusqu’en 1826, époque où il n’existait dans les provinces anglaises que des banques privées (private banks), composées de moins de six associés, elles sont devenues, au contraire, depuis la propagation des joint-stock banks, si bien réglées, si stables, qu’on y remarque à peine quelques différences sensibles, même aux époques des plus graves perturbations.

Voici d’abord comment la circulation de la banque de Londres, ses escomptes, ses dépôts et son encaisse métallique se sont gouvernés aux approches de la terrible crise de 1825-26.


Billets de moins de 5 liv. Billets de plus de 5 liv. Dépôts. Portefeuille. En caisse.
Août 1822 855,330 liv. 16,609,460 liv 6,399,440 liv 17,290,510 liv. 10, 097,960 liv.
Fév. 1823. 681,500 17,710,740 7,181,100 18,319,730 10,384,230
Août 1823 548,480 18,682,760 7,827,350 17,467,370 12,658,240
Fév. 1824 486,130 19,250,860 10,097,850 18,872,000 13,810,060
Août 1824 443,140 19,688,980 9,679,810 20,904,530 11,787,470
Fév. 1825 416,730 20,337,030 10,168,780 21,951,330 8,779,100
Août 1825 396,343 19,002,500 6,410,560 25,106,030 3,634,320
Fév. 1826 1,375,350 24.092,660 6,935,940 32,918,580 2,459,510

Que voyons-nous dans ce tableau ? D’abord, le portefeuille, c’est-à-dire la somme des avances faites par la banque, s’élève graduellement de 17,290,510 liv. en 1822, à 25 millions vers le milieu de 1825, époque qui précède immédiatement la crise, et à plus de 32 millions au commencement de 1826, au moment même où la crise éclate. N’est-il pas sensible que ce développement croissant des escomptes avait dû déplacer et rendre disponible une masse considérable de fonds particuliers, en les déshéritant de leur emploi ? On peut en juger d’ailleurs par l’accroissement continu des dépôts qui s’élevèrent, en février 1825, à 10,168,780 liv., chiffre énorme, si l’on considère que ces dépôts ne rapportaient rien à leurs possesseurs.

Un tel état de choses était bien fait sans doute pour surexciter la spéculation ; aussi ne faut-il pas s’étonner qu’elle se soit éveillée de toutes parts. Écoutez cependant les écrivains anglais : ils vous diront toutes les causes particulières qui l’ont provoquée ; ils n’en oublieront qu’une seule, celle qui domine les autres. Voici, par exemple, comment s’exprime sur ce sujet M. J. Wilson, dont l’ouvrage se distingue pourtant par d’éminentes qualités. « Dans le cours de l’année 1824, deux sortes de circonstances tendirent à produire une excitation à la spéculation. Le grand succès