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fermant aux capitalistes les voies ordinaires dans lesquelles ils auraient pu trouver l’emploi régulier de leurs fonds ? Au dire du gouverneur de la Banque, il faudrait s’en prendre surtout à la disette des céréales. Pourtant une importation de 2 millions 500,000 hectol. de grains, dans le premier semestre de 1846, n’avait exercé, de l’aveu du gouverneur lui-même, aucune action visible sur les réserves de la Banque, qui s’étaient même élevées, pour l’établissement de Paris et pour les succursales, de 208 millions à 252, et dans le second semestre, où cette importation n’a pas excédé le chiffre de 2,264,000 hectolitres, les réserves ont baissé de 172 millions. Il est évident, quelles qu’aient pu être à d’autres égards les malheureuses conséquences de la disette, que le principe de la crise financière n’est pas là. Au surplus, la spéculation sur les chemins de fer eût-elle été même plus ardente, et la disette des céréales eût-elle provoqué accidentellement des envois exceptionnels de numéraire à l’étranger, tout cela n’eût pas ébranlé la Banque, et avec elle le commerce tout entier, si cet établissement s’était trouvé dans une meilleure assiette ; mais, dans la position où il s’était finis, il était inévitable qu’un peu plus tôt, un peu plus tard, il se trouvât en face d’un embarras sérieux.

Je me suis étendu sur cette crise de 1846-47, parce qu’elle nous touche encore de près et qu’elle n’a pas été sans influence sur les événemens qui ont suivi. Qu’on ne pense cependant pas qu’elle offre rien d’exceptionnel dans son développement ou dans sa marche. Toutes celles que la France a subies depuis l’établissement définitif de la Banque, par exemple, en 1811, en 1819, en 1825-26 et en 1837, ont eu, sauf quelques particularités accidentelles, un caractère pareil ; elles ont été précédées et suivies des mêmes circonstances, tant il est vrai que la cause première ne change pas. Chaque fois on voit le chiffre des escomptes de la Banque grossir d’année en année, aussi bien que le chiffre de ses bénéfices, et ce symptôme de prospérité annonce infailliblement une crise prochaine. Voici, par exemple, les résultats pour les cinq années 1807 à 1811 :


Années Effets escomptés Produits
1807 333,267,000 fr 2,456,200 fr
1808 557,495,000 4,152,400
1809 545,446,000 4,243,800
1810 715,038,000 6,057,700
1811 391,162,000 4,791,100

Ainsi, le total des effets escomptés, qui n’avait été, en 1807, que de 333,267,000 francs, s’éleva, en 1810, à la somme comparativement énorme de 715,038,000 francs. Le chiffre des bénéfices avait presque triplé dans le même temps. C’était le présage certain d’embarras graves,