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de sa force ; il avait vite découvert le secret de la faiblesse de ses adversaires et deviné la mesure de ce qu’il pouvait oser contre eux. En Belgique, les trois cours avaient dû assister, l’arme au bras, à la prise d’Anvers, et souffrir en Italie, sans coup férir, l’occupation d’Ancône. Lorsque, lassées de tant de patience, elles avaient essayé des fières remontrances et des menaces mal déguisées, elles s’étaient attiré des paroles assez rudes et d’assez dédaigneuses reparties. Les hommes d’état français, nouveaux venus dans les conseils de l’Europe, ne s’étaient pas, à l’épreuve, trouvé si faciles à déconcerter. Un système qui avait si mal réussi à ses auteurs ne pouvait être long-temps continué. Le premier moment d’irritation passé, les politiques du Nord ne pouvaient point ne pas apercevoir quelles différences le cours des temps avait apportées dans les relations des états. Après de longues guerres et de coûteux efforts, l’Europe avait pu autrefois faire expier à Louis XIV vieillissant les témérités de sa jeunesse, imposer la paix à Napoléon sous les murs de Paris ; mais elle n’avait vaincu dans ces grands hommes que deux chefs ambitieux. Les peuples étaient, de part et d’autre, restés étrangers à la lutte, ou n’y avaient figuré que comme des instrumens dans la main de leurs princes. Ce ne fut point le représentant de la révolution française qui succomba dans les plaines de la Champagne et sur le champ de bataille de Waterloo ; ce fut le fondateur de l’empire, le souverain absolu, l’oppresseur du monde et de son pays. Le succès de la coalition de 1814 et de 1815 fut surtout le triomphe des nationalités opprimées contre une royauté envahissante. — Comment mener ces populations, maintenant apaisées, à un nouvel assaut contre la France ? Quinze ans de paix leur avaient appris à voir clair dans leurs propres sentimens. Elles avaient détesté la France conquérante et dominatrice ; elles ne se sentaient que des sympathies pour la France pacifique et libérale. Elles ne faisaient plus de vœux contre nous elles en faisaient presque en notre faveur, et se prenaient à souhaiter que notre influence grandît partout, fût-ce aux dépens de leurs gouvernemens, car notre cause, était la leur ; notre influence leur promettait, dans l’avenir, la liberté. Cette disposition des peuples réagissait sur l’esprit même des cabinets européens. La fermeté de nos ministres avait surpris, mais leur droiture avait plu. Le roi de Prusse, qui avait tant appréhendé l’expédition d’Anvers, la Belgique une fois évacuée, rendait complète justice à la loyauté de notre conduite ; il répétait hautement en Allemagne qu’on pouvait désormais s’entendre avec un gouvernement si strictement fidèle à ses engagemens. Tout désolé qu’il était de la présence des troupes françaises en Italie, le prince de Metternich admirait la discipline de notre garnison d’Ancône, protectrice des populations italiennes, mais pleine de ménagemens envers les autorités du pays. Homme de pouvoir, il prenait une haute idée