posaient d’autres plans, dont l’insignifiance révoltait leur impétueux allié. À son tour, il préférait l’inaction à leurs demi-mesures, et les augustes interlocuteurs se séparaient, non point sans avoir échangé beaucoup de témoignages de confiance et d’amitié réciproques, non point sans s’être promis, le cas échéant, un mutuel appui, mais sans avoir pu tomber d’accord de la marche à suivre pour contenir cette France, objet de leur constante préoccupation. Au milieu de l’automne de 1833, le czar obtint cependant un demi-succès. L’état de l’Europe et les événemens survenus depuis les dernières entrevues l’aidaient merveilleusement à triompher des hésitations contre lesquelles il avait échoué jusqu’alors. Les conférences de Londres approchaient de leur dénoûment ; le royaume de Hollande allait être, suivant toute apparence, pacifiquement scindé en deux petits états indépendans, dont l’un au moins devait se jeter dans notre alliance. À Madrid, le roi Ferdinand, en abolissant la loi salique, en convoquant les cortès pour reconnaître les droits à la couronne de sa fille Isabelle, au détriment de ceux de son frère don Carlos, venait, sur le déclin de ses jours et par une inconséquence que ses antécédens n’avaient pas fait prévoir, d’en appeler imprudemment à l’opinion de son peuple et de rouvrir pour lui la carrière des révolutions. En Portugal, dom Pedro luttait avec un avantage marqué contre dom Miguel. L’Italie ressentait, comme de coutume, le contre-coup des mouvemens de la péninsule espagnole, et le roi Charles-Albert venait d’être obligé de réprimer sévèrement, à Gênes et à Chambéry, des tentatives révolutionnaires, qui, à tort ou à raison, passaient pour avoir été tramées sur le territoire français par des réfugiés trop peu surveillés. Aux portes de l’Autriche, la république helvétique travaillait avec succès à modifier son pacte national dans un esprit moins aristocratique et plus conforme aux idées dominantes. À Francfort, au siége même de la confédération germanique, des troubles sérieux avaient éclaté, et la ville avait dû être occupée par les troupes autrichiennes et prussiennes. Jamais la vieille Europe ne s’était sentie aussi ébranlée. Les communications des souverains du Nord entre eux et les allées et venues des diplomates allemands devinrent plus fréquentes. Le roi de Prusse, qui s’était rendu à Tœplitz, en Bohême, se rencontra, le 14 août, avec l’empereur d’Autriche au château de Theresienstadt, où MM. de Metternich et Ancillon avaient accompagné leurs souverains. Le 9 septembre, l’empereur Nicolas, précédé de son vice-chancelier, M. de Nesselrode, arriva à Munchen-Graetz, bourg de la Bohême, où se trouvait déjà l’empereur d’Autriche, où le prince royal de Prusse s’était aussi rendu de son côté.
Ce fut pendant leur séjour d’une semaine à Munchen-Graetz que les trois grands personnages que nous venons de nommer tombèrent d’accord de la démarche dont nous allons parler. À leurs yeux et à