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LA HONGRIE


EN 1848.




KOSUTH ET JELLACHICH. HISTOIRE DES SIX DERNIERS MOIS.


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On a beau faire, le temps n’est plus des longues et paisibles études : l’histoire du jour gronde à la porte de chacun, les événemens de la veille sont déjà vieux ; mauvais temps pour écrire l’histoire du passé, quand chaque journal vous apporte plus de révolutions, de changemens inouis, de guerres ou de forfaits, qu’il n’y en a dans un de ces gros volumes qui contiennent aussi les fautes et les malheurs de nos devanciers. Essayez donc d’émouvoir la pitié et l’indignation, en racontant ou Coligny tombant sous les coups des assassins ou les frères de Witt coupés en morceaux par la populace furieuse : ces temps, que nous appelons barbares, sont trop loin de nous ; nous avons mieux d’ailleurs que les couleurs affaiblies de ces récits, les sanglantes images sont étalées sous nos yeux. A Paris, on mutile le général Bréa ; à Francfort, on déchire en lambeaux le jeune et brave Lichnowsky ; à Pesth, on tranche à coups de faux les membres et la tête du général Lamberg ; en Sicile, on mange des grillades napolitaines. Il semble que quelque horde de cannibales ait fait irruption au milieu de la civilisation épouvantée, car je ne parle que des atrocités singulières, et qu’on eût marquées de sang même à la Saint-Barthélemy ; le reste, hélas ! révolutions,