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à partir duquel la marche de l’armée n’avait été qu’une fuite incompréhensible. Le 25 juillet, les troupes devaient se tenir prêtes dès le matin. On les laissa l’arme au bras sous le soleil de juillet jusqu’à cinq heures du soir. C’est alors seulement que l’ordre d’attaquer fut donné. Les Piémontais avancèrent sans direction, comme à l’ordinaire ; ils fondirent sur l’ennemi, et, après un rapide combat, ils le forcèrent à tourner le dos. Ils le poursuivirent jusqu’à ce que la nuit vînt leur dérober les traces des fugitifs, puis s’arrêtèrent, attendant des ordres. Les ordres arrivèrent au point du jour. Les Piémontais devaient reprendre leur poursuite et ne faire aucun quartier à l’ennemi. Ils se mettent en devoir d’exécuter les instructions reçues ; ils marchent en avant : nulle part les Autrichiens ne se montrent. Nos soldats pourtant ne se découragent pas ; ils s’avancent, toujours sans généraux ; ils s’isolent, ils se partagent. Bref, ils sont victimes de leur fougue imprudente. Les Autrichiens paraissent en nombre supérieur au moment où on les attendait le moins ; les Piémontais étaient tombés dans un guet-apens. L’on se battit avec acharnement jusqu’à la nuit, les Piémontais pour s’ouvrir un passage, et les Autrichiens pour les exterminer ou les faire prisonniers. Les Piémontais parvinrent non-seulement à se dégager, mais ils gardèrent et emmenèrent les deux mille prisonniers et les vingt pièces d’artillerie qu’ils avaient pris la veille à l’ennemi. Pendant ce temps, un corps détaché ressaisissait la position de Somma-Campagna, que les deux armées considéraient comme fort importante. Ainsi reprise, puis reperdue encore une fois, cette position avait fini par demeurer aux Piémontais. Telle avait été l’issue du combat qui avait précédé la retraite de l’armée. Rien ne semblait, on le voit, nécessiter un mouvement rétrograde, lorsque les troupes sorties honorablement de cette lutte inégale reçurent l’ordre de se replier immédiatement sur Goito pour y rejoindre le gros de l’armée. De Goito à Milan, l’armée piémontaise ne s’était arrêtée qu’un jour à Lodi, pendant que lord Abercromby traitait avec le général autrichien.


IV

Le 3 août, le roi et l’armée étaient donc aux portes de Milan ; la nouvelle de leur arrivée s’étant aussitôt répandue dans la ville, la joie et la confiance parurent y rentrer. — Le roi veut donc sérieusement nous défendre ; il ne nous abandonne pas ; que Dieu le récompense ! — Ces mots étaient dans toutes les bouches. On attendait cependant qu’une communication officielle vînt informer la population de l’arrivée et des intentions du roi, et, la journée étant déjà à moitié écoulée sans qu’aucune proclamation eût été faite, le soupçon rentra dans tous les coeurs. — Est-il bien vrai que le roi soit à nos portes ? S’il y est, pourquoi donc