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occupées par ces volontaires. Les faits que j’ai déjà racontés me dispensent de dire comment ces positions furent défendues. Les colonnes de Mannara, Anfossi, Thamberg, occupaient les défilés qui mènent des lacs de Garda et d’Idro dans le Tyrol italien, la vallée de Lodrone, le fort d’Anfo, le pont de Storo, la vallée du Caffaro, les monts du Fouale, etc. Les colonnes Griffini, Torres et Arcioni s’étaient portées du côté de Mantoue. Outre la première colonne de volontaires napolitains qui fut incorporée à la colonne Thamberg, d’autres légions des mêmes volontaires furent dirigées de Pavie par les bateaux du Pô sur Mantoue et sur la Vénétie. Des bataillons de volontaires des duchés se portèrent du même côté ; enfin les volontaires toscans, et le bataillon universitaire de Pise entre autres, gardèrent aussi les environs de Mantoue. La Vénétie tout entière était confiée aux volontaires de la légion Antonini, venue de Paris et composée d’Italiens, de Français et de Polonais. On y avait également envoyé une partie de la garde nationale de Milan, qui avait obtenu d’être mobilisée, et à laquelle s’étaient joints les séminaristes de cette ville.

Telle était donc la situation des forces italiennes : aux frontières et dans la Vénétie, de nombreux corps de volontaires luttant contre des difficultés sans nombre avec un courage infatigable ; dans la Lombardie même, l’armée piémontaise en présence des Autrichiens maîtres de quelques places fortes. Quant à l’attitude des troupes ainsi partagées, on peut la caractériser en deux mots : si l’armée piémontaise opérait trop méthodiquement, il est juste de dire que les mouvemens des volontaires péchaient par absence complète de méthode. Pendant que la guerre se faisait ainsi d’une part avec la lenteur d’une tactique surannée, et de l’autre avec toute la témérité de l’inexpérience, voici ce qui se passait à Milan.


II

Je m’étais attendue à y trouver la discussion établie sur la forme du gouvernement qui conviendrait le mieux à la Lombardie. Aussi ne fus-je pas médiocrement étonnée d’apprendre en arrivant que le mot d’ordre des constitutionnels était le silence. Je demandai aux principaux représentans de ce parti pourquoi l’on ne s’adressait pas au peuple par des discours, aux classes plus lettrées par des écrits. L’on me répondit avec effroi qu’agir ainsi, ce serait manquer à toutes les lois de la prudence ; que, le parti républicain étant de beaucoup le plus fort, les constitutionnels n’avaient d’autre moyen pour ne pas divulguer leur faiblesse, que de faire le moins de bruit possible, de vivre enfin comme s’ils n’existaient pas. Je fis remarquer à ceux qui me tenaient ce langage qu’une pareille tactique ne me paraissait nullement propre