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ou pour leur prêter certaines qualités spéciales. Ici se rangent en première ligne les applications de la galvanoplastie.

La galvanoplastie est un art tout récent, qui n’est aujourd’hui ni assez apprécié ni assez connu. Il consiste à produire, par l’action de l’électricité, un dépôt métallique à la surface de différens corps, et surtout à la surface d’autres métaux. En décomposant certains sels par la pile voltaïque, on peut appliquer avec économie le cuivre sur l’argent, l’or sur l’acier, l’argent sur l’étain, le platine sur le fer, sur le bronze, etc. Si l’on soumet, par exemple, à l’action d’un courant électrique une dissolution de sulfate de cuivre en plaçant dans la liqueur une image daguerrienne, le cuivre provenant de la décomposition du sel se dépose peu à peu sur toute la plaque, et, se moulant sur les faibles inégalités de la surface, il donne naissance, au bout de vingt-quatre heures, à une planche de cuivre sur laquelle le dessin photographique se trouve reproduit avec une entière fidélité. « Je ne saurais rendre, dit M. Ch. Chevalier, la surprise que j’éprouvai, la première fois que je réussis à reproduire une épreuve photographique au moyen du galvanisme. L’idée de cette expérience me vint en cherchant un objet propre à être placé dans l’appareil galvanoplastique ; ne trouvant ni médaille ni empreinte, j’imaginai de souder une petite épreuve daguerrienne au conducteur de l’appareil ; je croyais vraiment sacrifier l’épreuve et n’obtenir tout au plus qu’une feuille de cuivre bien plane. Le lendemain, en présence de MM. Richoux et de Kramer, je détachai les deux plaques, et nous trouvâmes sur le cuivre une contre-épreuve parfaite de l’original[1]. » Ce qu’il y a de plus étonnant, c’est que la plaque daguerrienne qui a servi de type à ce merveilleux moulage n’est aucunement altérée, et qu’elle peut être reproduite ainsi un grand nombre de fois sans se détruire ou sans se détériorer sensiblement. Il faut ajouter cependant que cette application de la galvanoplastie est plus curieuse qu’utile, car on se décide difficilement à soumettre une belle épreuve à une pareille opération.

Les procédés galvanoplastiques appliqués aux images daguerriennes ont fourni d’autres résultats pleins d’intérêt. Afin de communiquer aux épreuves des tons particuliers ou des effets plus vigoureux, on les a revêtues, par l’action de la pile, d’une mince couche d’un autre métal richement coloré. Si l’on place dans une dissolution d’or une planche photographique, en plongeant dans la liqueur les pôles d’une pile voltaïque extrêmement faible, on la recouvre, en quelques instans, d’un mince vernis d’or. Cette pellicule métallique donne à l’épreuve des tons qui sont souvent du plus heureux effet, et varient depuis la teinte verdâtre jusqu’au jaune intense. On obtient avec le cuivre, en opérant

  1. Mélanges photographiques, page 74.