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L’Algérie conquise et pacifiée.

Tous les services publics dotés d’un supplément de plus de 300 millions.

Les canaux de 1821 et 1822 terminés ; quatre grands canaux nouveaux entrepris et menés presqu’à fin ; toutes les voies de communication multipliées ou rendues plus faciles ; ici des lacunes comblées, là des obstacles aplanis ; des ponts jetés sur toutes les rivières ; la viabilité vicinale améliorée dans toute l’étendue du royaume ; nos ports creusés et agrandis ; des phares nombreux élevés sur nos côtes ; des édifices, dont l’achèvement avait fini par sembler impossible tant ils sortaient péniblement du sol, élevés jusqu’au faîte en peu d’années ; d’autres édifices fondés à neuf et déjà presque terminés ; nos vieux monumens, témoins de notre histoire, secourus avec une largesse à laquelle depuis long-temps ils n’étaient plus accoutumés ; enfin, 2,000 kilomètres de chemins de fer en exploitation, 2,000 kilomèt. de chemins de fer en construction.

Voilà l’œuvre de ces dix-sept années, sans parler de tant d’améliorations, plus ou moins dispendieuses, accordées à la magistrature, au clergé, à l’instruction publique, à tous les besoins moraux et intellectuels du pays.

Et c’est les yeux fixés sur de tels résultats, en présence de la France qui les voit, qui en use, qui en jouit, qu’on a le cœur de nous dire : « L’esprit s’arrête déconcerté devant la disproportion entre la grandeur des moyens et la petitesse des résultats ! »

Si quelque chose, à notre avis, pouvait déconcerter l’esprit, ce serait bien, au contraire, qu’une telle œuvre ait pu s’accomplir sans que les charges du pays se soient aggravées en proportion !

En effet, quel a été le prix de toutes ces conquêtes ? L’Algérie à elle seule a absorbé plus de 1 milliard[1]. Les grands travaux publics ont été soldés jusqu’à concurrence de 1 milliard 464 millions, et cette somme, notez-le bien, ne s’applique qu’aux travaux extraordinaires ; nous laissons en dehors tous ces travaux si nombreux qui, bien que destinés aussi à augmenter le capital de l’état, sont demeurés confondus

  1. Voir l’annexe n° 2 de la brochure de M. Laplagne. Les dépenses constatées sur les comptes spécialement ouverts à l’Algérie s’élèvent à 810 millions, jusques et y compris seulement 1846 ; mais dans ces comptes ne figurent ni les dépenses de la marine ni toutes celles des ministères de la guerre et des finances, qui se trouvent confondues dans les divers chapitres du service intérieur. M. Laplagne estime avec raison qu’un relevé exact de toutes ces omissions, ajouté aux dépenses de 1847 non encore constatées, ferait monter la dépense totale bien au-delà d’un milliard. Sur cette somme, près de 700 millions ont été supportés par la dernière administration, le cabinet du 29 octobre. Il en est de même des travaux publics ; la charge en a principalement porté sur les sept dernières années, de 1841 à 1848. C’est une remarque qu’il est juste de faire à l’honneur de qui de droit.