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DES CASTES


DANS L’ANCIENNE EGYPTE.




S’il est une opinion généralement admise, c’est celle qui veut que la nation égyptienne fût divisée en castes vouées exclusivement à des fonctions spéciales qui passaient des pères aux enfans par une transmission héréditaire. D’un côté la caste des prêtres, de l’autre la caste des guerriers, entièrement distinctes et séparées, et au-dessous de ces deux castes supérieures les différentes professions soumises aussi à l’hérédité, les enfans continuant nécessairement la condition de leurs pères, telle est l’idée qu’on se forme de l’organisation de la société dans l’ancienne Égypte.

Depuis l’antiquité, on voit cette opinion se reproduire de siècle en siècle. Quand Bossuet a dit : « La loi assignait à chacun son emploi, qui se perpétuait de père en fils ; on ne pouvait ni en avoir deux ni changer de profession, » il n’a fait que reproduire une assertion mille fois répétée et qui l’est encore de nos jours. Elle a été exprimée avec énergie par Meiners, auteur d’un travail spécial sur les castes d’Égypte. « Les deux ordres (celui des prêtres et celui des guerriers) étaient tellement circonscrits, dit le savant professeur de Goettingue, que les fils suivaient presque toujours les traces de leurs pères, et qu’ils avaient