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PEINTRES ET SCULPTEURS


MODERNES.




III.
GROS.




Gros a élevé les sujets modernes jusqu’à l’idéal ; il a su peindre les costumes, les mœurs, les passions de son temps, sans tomber dans la mesquinerie ou la trivialité, écueils ordinaires de ce genre de sujets. L’habitude, le préjugé, étaient contre lui. Dans le moment où il a paru, on avait établi en principe qu’il n’y avait que les formes et que les sujets antiques qui fussent capables d’offrir quelque intérêt au double point de vue de la composition et de l’exécution. D’un autre côté, les précédens qu’il trouvait dans les écoles anciennes, quoique moins exclusifs, ne lui fournissaient pas des modèles bien complets dans cette route hardie. Les tableaux dans lesquels Lebrun, par exemple, a représenté quelques scènes remarquables du règne de Louis XIV, sont disposés de manière à offrir les portraits des personnages marquans du temps plutôt qu’à donner une idée frappante du fait. Dans les batailles mêmes, il représente le monarque tournant presque toujours la tête