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fut retrouvé par les Bernois, et, après plusieurs vicissitudes, revint à la couronne d’Espagne.

Il est probable que les vrais diamans connus des anciens venaient de l’Inde seule. C’est dans cette partie du monde que l’Europe est allée chercher les siens, jusqu’à l’époque où on en découvrit dans le Brésil. Les mines de l’Inde sont presque toutes placées dans les anciens royaumes de Golconde et de Visapour, au pied des monts Orixa, et comprises entre le cap Comorin et le Bengale. C’est là et dans une gangue ocreuse dépendante, selon toute apparence, d’un terrain d’alluvion, qu’on trouve ces pierres si recherchées. Les mines de Golconde fournissent des diamans en petite quantité, mais d’une dimension plus considérable que ceux qu’on extrait des lavages de Visapour, où, en revanche, les diamans sont plus nombreux. Au reste, ces exploitations paraissent assez modernes, et Guettard pense qu’elles ne remontent guère que vers le milieu du XVe siècle. Si cette conjecture est vraie, nous ignorerions encore aujourd’hui le point précis d’où les Romains tiraient leurs diamans ; peut-être leur venaient-ils de Bornéo ou de Malaca, localités où, d’après quelques voyageurs, on rencontre aussi cette pierre précieuse.

De nos jours, le commerce des diamans est alimenté presque uniquement par les mines du Brésil. Ces mines furent découvertes, en 1728, dans le district de Serro-do-Frio, au nord de Rio-Janeiro. La plus célèbre est celle de Mandanga ; puis viennent celles du Rio-Pardo, de Tocaya, d’Indaia et d’Abaïté. Le produit de ces mines, depuis les premiers temps de leur exploitation, est évalué à 3 024 000 carats (plus de 600 kilogrammes). Bien que, dans ces derniers temps, cette production ait diminué, on estime encore l’importation annuelle à 25 ou 30 000 carats (5-6 kilogrammes) ; mais la plus grande partie de ces pierres n’est propre qu’à faire de l’égrisée, et 800 à 900 carats (160-180 grammes) seulement sont susceptibles d’être taillés.

Le prix du diamant a toujours été très élevé. Brut et reconnu impropre à la taille, il se vend encore de 30 à 36 francs le carat (4 grains, 20 centigrammes environ)[1]. Dans cet état, on le broie pour en former l’égrisée. Les diamans bruts propres à la taille, et dont le poids ne dépasse pas 1 carat, valent environ 48 francs, pris en lot. Dès qu’ils dépassent 1 carat, on estime leur valeur en multipliant 48 par le carré du poids. Ainsi, le prix d’un diamant de 2 carats est égal à 48 multiplié par le carré de 2, c’est-à-dire par 4 : ce prix est donc de 192 francs. Mais, une fois taillé, le diamant acquiert beaucoup plus de valeur, et son prix varie avec la beauté de la pierre. Un brillant pesant 1 carat coûte de 216 à 288 francs, et le prix d’un brillant de 2 carats s’élève de 650 à 840 francs. Un diamant de 5 carats est une fort belle pierre, et vaut de 4 300 francs à 6 000 francs.

Le diamant n’acquiert jamais des dimensions très considérables. Ceux du poids de 12 à 20 carats sont déjà très rares, et à plus forte raison ceux d’un poids supérieur. Aussi n’ont-ils guère alors qu’une valeur toute de convention.

  1. On sait que le grain pèse un peu plus de cinq centigrammes, par conséquent ces évaluations doivent être regardées seulement comme approximatives, et sont toutes en réalité trop faibles.