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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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31 juillet 1848.

Les tempêtes intérieures, domptées et contenues plutôt peut-être qu’apaisées, nous laissent enfin, cette fois, quelque liberté d’esprit pour observer ce grand orage qui se forme au dehors et menace à tout instant d’éclater sur l’Europe entière. Il ne s’agit point, en ce temps-ci, de beaucoup prévoir : le loisir manque pour rien combiner d’avance. Nous vivons au jour le jour, et demain, c’est déjà l’inconnu ; reste seulement à s’en arranger du mieux qu’on pourra. Quelle que soit la part qu’il faille abandonner au hasard dans cet inconnu plein d’alarmes, il y a des faits accomplis avec lesquels le hasard lui-même est obligé de compter. Ce sont ces élémens certains de l’incertain avenir que nous voudrions un peu mettre en lumière avant qu’ils soient décidément aux prises, et qu’il y ait entre eux de lutte ouverte.

Tout le monde a remarqué la sollicitude avec laquelle le gouvernement et l’assemblée, à peine sortis des émotions de juin, se préoccupent maintenant des affaires étrangères : elles n’ont, pour ainsi dire, pas cessé d’être sur le tapis durant toute cette quinzaine. M. Bastide qui demeure à la fin possesseur titulaire de son département, se hâte d’en apprendre l’indispensable. C’est toujours l’histoire de ces patriciens de Rome dont Marius disait qu’ils commençaient à lire leurs auteurs militaires le jour où ils étaient nommés généraux. M. Bastide s’applique néanmoins avec un zèle si sincère à des études malheureusement trop nouvelles pour lui, que ce serait conscience de le décourager ; mais nous ne saurions nous empêcher de regretter qu’en un moment où les relations extérieures du pays devraient être suivies avec une vigilance si expérimentée, le plus bel éloge que nous ayons à donner au ministre chargé de cet important service, ce soit en somme, qu’il ne veut rien négliger pour accélérer sa propre éducation. L’assemblée paraît assez impatiente de s’instruire elle-même auprès du gouvernement ; M. Lherbette avait été très discret, l’autre semaine, dans ses interpellations ; nous avons eu aujourd’hui celles de M. Mauguin. Le comité des