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la confirmation du nouveau roi. L’ancienne division du royaume en comitats fut rétablie, les anciennes juridictions reprirent leur exercice. La couronne de saint Étienne fut replacée à Bude ; on décréta, en outre, qu’elle « ne pourrait en être retirée qu’en cas de péril extrême, et que le nouveau roi devrait se faire couronner dans le délai de six mois après la mort de son prédécesseur. » Il fut de nouveau reconnu « que le pouvoir de porter des lois, de les expliquer, abroger, n’appartenait qu’au roi et aux états réunis en diète. » Enfin, la convocation de la diète fut déclarée obligatoire « au moins tous les trois ans, » et l’emploi de la langue hongroise dans les écoles et les actes publics fut de nouveau autorisé.

Replacée par Léopold II dans ses anciennes voies et rendue au régime constitutionnel, la Hongrie, comme le reste de l’Europe, fut enveloppée, sous le règne de François II (1792), dans les grandes guerres de la révolution et de l’empire. Peut-être dut-elle à ces guerres mêmes d’échapper à la contagion révolutionnaire. Les émissaires des jacobins de Paris avaient poussé leur propagande jusque dans ce lointain pays ; un prêtre démagogue, nommé Martinowitz, organisa des sociétés secrètes qui se mirent en rapport avec celles de France et d’Allemagne. Le Catéchisme démocrate de 93 fut traduit en hongrois et répandu parmi le peuple. Tout est resté obscur sur les forces et la portée de cette conjuration ; son chef périt par la main du bourreau, et l’horreur qu’inspirèrent alors les crimes et les excès des jacobins rejeta la nation dans les bras de son souverain. C’est à la diète de 1796 que l’archiduc Joseph fut nommé palatin. Sous ce chef, déjà respecté, la diète se montra disposée à renouveler, pour le salut de l’empire, les sacrifices que la Hongrie avait faits pour Marie-Thérèse. L’insurrection, décrétée à plusieurs reprises, versa successivement dans les rangs de l’armée impériale de nombreux bataillons, qui réparaient les pertes causées par l’impéritie ou la faiblesse des généraux autrichiens. Hommes, argent, chevaux, les états accordèrent alors tout ce qui leur était demandé ; la seule condition qu’ils mirent à leur concours fut que les troupes seraient commandées par des officiers hongrois.

Cependant ces sacrifices d’hommes et d’argent, qui épuisaient à la longue le pays, restaient sans compensation aux yeux des patriotes hongrois. Un nouveau grief vint enflammer les esprits. Le général Vay, orateur distingué de l’opposition, fut tout à coup privé de son grade par un décret royal. Cette mesure souleva les plus vives clameurs. La diète, par représailles, discuta une proposition portant que le roi ne pourrait déclarer la guerre sans l’assentiment des états. Le gouvernement autrichien fut contraint de replacer Vay (1807) ; mais cette concession n’apaisa point les esprits. L’irritation se montra plus grande encore à l’ouverture de la dicte suivante. On attribuait à la crainte les