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pourtant il ne faudrait pas espérer des résultats supérieurs à ceux de 1845, parce que, sous le nouveau régime, l’industrie indigène soutiendrait mieux qu’elle ne le fait la concurrence de l’étranger.

Sur les tissus de coton et de laine, en convertissant les prohibitions actuelles en droits de 20 à 25 pour 100 de la valeur, et en maintenant une juste proportion entre tous les genres de tissus, on obtiendrait au moins 4,000,000 de fr. Les tissus de poil, de crin et d’écorce, donneraient environ 200,000 francs ; les tissus de soie et de fleuret, 800,000, ce qui s’écarte peu du chiffre actuel, en sorte que, sur l’ensemble du chapitre des tissus, la recette totale s’élèverait, en chiffres ronds, à 8,500,000 francs.

Papier et ses applications. — Ce chapitre comprend un peu plus de 20 articles sous les dénominations suivantes : carton, papier, livres, gravures et lithographies, cartes géographiques, musique gravée, étiquettes imprimées, gravées ou coloriées, cartes à jouer. Deux de ces articles sont prohibés, les cartes à jouer et les contrefaçons de livres. A cela il n’y a rien à dire ; mais, sur tous les autres articles, les droits sont d’une exagération qui ne s’explique pas. Pour les diverses applications du papier, la France n’a guère à craindre la concurrence étrangère ; loin de là. En ce qui regarde les papiers peints, par exemple, elle est en mesure d’en vendre aux peuples étrangers, ce qu’elle fait d’ailleurs dans une assez large proportion ; et si elle n’en écoule pas davantage au dehors, c’est que notre système restrictif s’y oppose en limitant nos échanges avec l’étranger. Nulle raison par conséquent pour maintenir sur ces articles des droits si élevés. En ce qui concerne les livres, la concurrence étrangère est même à peu près nulle dans le sens commercial du mot. S’agit-il d’ouvrages français qui sont encore la propriété des auteurs, les réimpressions étrangères sont prohibées, et avec raison ; mais ce n’est pas en vertu du système protecteur ou restrictif, c’est à titre de contrefaçons, et en vertu d’un principe que ce système viole, le droit sacré de la propriété. S’agit-il d’ouvrages tombés dans le domaine public, les éditeurs français ont toujours sur les éditeurs étrangers le grand avantage du cachet national. Quant aux papiers blancs et aux cartons, sans que l’industrie française ait en cela la même supériorité que pour les papiers peints, elle n’est certainement pas inférieure à ce point de ne pouvoir se maintenir qu’à l’abri de droits équivalant à 50 et 100 pour 100 de la valeur. Pour les livres, en laissant en dehors ceux qui sont et qui doivent être prohibés, nous voudrions que le droit n’excédât pas 5 pour 100, et, pour les diverses sortes de papiers, 8 ou 10 pour 100. Avec un tel régime, la recette, qui n’a été, en 1845, que de 84,837 francs, s’élèverait pour le moins à 500,000.

Ouvrages et matières diverses. — Nous arrivons maintenant au dernier