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et l’orseille bleue, jusqu’à 70 ou 80 pour 100 de la valeur, n’ont presque rien produit. Il est bien étrange qu’après tant d’exemples frappans, on ne veuille pas reconnaître l’influence pernicieuse des tarifs élevés, dont le double effet est toujours de paralyser le commerce et d’appauvrir le fisc. En laissant subsister sur la cochenille et l’indigo les droits actuels, à la seule condition d’atténuer les différences établies par rapport aux provenances, et en ramenant tous les autres droits, aussi bien que la prohibition qui frappe les extraits de teinture, à un droit maximum de 8 à 10 pour 100, on élèverait sans peine le produit total, sur ce chapitre, à 1,200,000 francs.

Couleurs. — En suivant la même méthode et en observant les mêmes règles par rapport aux dix-neuf ou vingt articles qui composent le chapitre des couleurs, on élèverait les recettes de 101,719 francs, chiffre de 1845, à 300,000 francs pour le moins.

Compositions diverses. — Il y aurait une augmentation beaucoup plus considérable à obtenir sur le chapitre des compositions diverses. On y voit figurer les parfumeries de diverses sortes, les épices préparées, les médicamens composés, les savons, la chicorée moulue, l’amidon, la cire à cacheter, la cire ouvrée, l’acide stéarique ouvré, les bougies de blanc de baleine ou de cachalot, les chandelles, la colle de poisson, la colle forte, les extraits de viande, les cigares, le praiss (sauce de tabac), le pain d’épice, le sorbet, le sucre raffiné et le chocolat. Tout cela ne constitue pas moins de 30 à 35 articles, dont quelques-uns sont importans, et pourtant la recette totale ne s’est élevée, en 1845, qu’au chiffre insignifiant de 67,102 francs. Elle n’avait été que de 63,877 francs en 1844, et n’a pas atteint 71,000 francs en 1846. C’est qu’on trouve dans ce chapitre des prohibitions sur les principaux produits et des droits excessifs sur tous les autres.

Les prohibitions atteignent d’abord plusieurs sortes de médicamens composés, comme l’extrait de quinquina et les médicamens non dénommés, ensuite les savons autres que ceux de parfumerie, la chicorée moulue, les cigares et le sucre raffiné. S’il peut y avoir quelques raisons de police médicale qui obligent à repousser certaines espèces de médicamens, ce que nous ne voulons pas examiner ici, du moins n’y en a-t-il aucune pour repousser les savons et les sucres raffinés. Laissons de côté la chicorée moulue, que nous avons déjà rencontrée ailleurs, et les cigares, qui intéressent le monopole du tabac. Quelle raison y a-t-il pour prohiber les savons étrangers ? Veut-on faire prospérer les savonneries françaises ? Rien de mieux : c’est une pensée à laquelle nous nous associons de grand cœur ; mais le moyen de les faire prospérer, ce n’est pas d’éloigner d’elles la concurrence étrangère sur le marché français : c’est de les mettre à même de mieux soutenir cette concurrence sur les marchés du dehors ; c’est en même temps de faire