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ce drogman modèle aux voyageurs pour son adresse, ses prévenances, son intelligence et sa résolution.

Dans plusieurs de ces grottes, on voit des statues qui représentent en général le couple défunt qui y fut enseveli. Ces statues sont assises dans le fond de la grotte, comme les statues des dieux au fond des temples. Sur les parois, les mêmes personnages sont représentés recevant l’hommage de leurs descendans. Devant eux est une table chargée d’offrandes, et on fait des libations en leur présence comme en présence des dieux. La vénération des ancêtres a donc enfanté ici un véritable culte ; la religion des morts était en Égypte une véritable religion. Ces grottes sépulcrales sont des chapelles. Ici, comme à Elithyia, on voit le passage de la tombe de famille aux grands temples creusés dans le roc d’Ipsamboul et de Guerché-Hassan. Il ne faut pas oublier que, selon les idées des Égyptiens, qui associaient la pensée de la mort à tout, chaque tombeau est un temple, et chaque temple, à quelques égards, un monument funèbre.

La structure géologique de l’Égypte est très simple : les terrains calcaires s’étendent depuis la mer jusqu’à Silsilis ; ici commence à se montrer le grès ; le granit paraît un peu avant la première cataracte. On ne voit point de traces de terrains volcaniques. L’Égypte, pays de stabilité par excellence, ne paraît pas avoir éprouvé de grandes commotions géologiques. Les tremblemens de terre y sont rares, bien qu’ainsi que le remarque M. Lyell, l’Égypte soit placée sur une ligne où il y en a beaucoup. Les institutions antiques s’élevèrent sur un sol immuable comme elles. Toutefois il ne faudrait pas trop insister sur ce rapprochement, car les anciens remarquaient également, de l’Égypte et des Gaules, qu’elles étaient peu sujettes aux tremblemens de terre[1], et on ne saurait dire que le caractère du génie gaulois soit l’immobilité. Les tremblemens de terre ne sont pas d’ailleurs inconnus en Égypte, les historiens musulmans en ont mentionné plusieurs ; le Caire vient d’en éprouver un, assez faible, il est vrai, il y a quelques semaines.


Ombos.

Le grand temple d’Ombos est remarquable entre tous les temples de l’Égypte par une singularité de structure dont il n’y a pas d’autre exemple. Ce temple est double, il porte une double dédicace et il a deux entrées principales. Une des moitiés de l’édifice est dédiée à Horus, dieu soleil, et l’autre à Sevek, dieu crocodile. Ces deux divinités, en apparence si différentes, étaient honorées conjointement dans le temple d’Ombos.

  1. Gallia et Aegyptus minimé quatiutur, dit Pline. Pour notre pays au moins, la citation de Pline n’est pas frappante d’actualité.