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LES


QUESTIONS SOCIALES


DANS


LA TURQUIE D'EUROPE.




Le mouvement libéral parti de la France et communiqué à l’Europe entière, en accélérant celui qui, depuis quinze ans, s’accomplit en Turquie, n’en a point changé la direction. Les imaginations, frappées par le soudain éclat des événemens, ont cru voir plus près d’elles le but de leurs espérances, mais ces espérances sont restées les mêmes. Les Moldo-Valaques et les Illyriens veulent aujourd’hui ce qu’ils voulaient hier ; ils veulent le développement littéraire et politique de leur nationalité rajeunie ; ils veulent la liberté et l’égalité civiles, et, ne pouvant obtenir ces bienfaits que par la ruine de l’influence russe sur les bords du Danube, ils luttent avec passion contre la prépotence du protectorat politique et religieux de la Russie.

Or, quels sont leurs ressources et leurs alliés ? Leurs ressources sont dans la richesse inépuisable de leur nature primitive et de leur civilisation naissante, dans leurs idées simples et droites, dans leurs vertus antiques, dont la rudesse même fait la vigueur. Leurs alliés, ce sont les principes puissans de justice qui remuent aujourd’hui la vieille Europe après l’avoir minée sourdement ; ce sont les événemens significatifs