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pour la résistance et la liberté serait facilement devenu un instrument d’oppression et d’anarchie ; il était destiné encore à un autre rôle. Pour le comprendre, il faut admettre d’autres considérations que les susceptibilités d’une liberté jalouse. L’indépendance hongroise s’était réfugiée dans cette combinaison singulière ; au fond, le palatin était un roi national et élu, en face d’un roi héréditaire et étranger. Ceci n’est pas une conjecture historique, c’est le texte même des lois qui établissent et définissent la dignité palatinale.

« Le palatin est le médiateur entre le roi et le royaume.

« Le palatin est le juge entre le roi et le royaume[1].

« Si le roi est absent ou néglige les affaires du royaume, il y pourvoira et recevra les députations[2].

«  Le palatin est tuteur et curateur du roi mineur.

«  Il est président né de la diète.

« En cas de minorité, d’interrègne ou même de nécessité (ingruente regni necessitate), il convoque lui-même les diètes[3].

« Le roi doit le consulter sur toutes les affaires importantes (in magnis et arduis regni negotiis, per regem consulatur[4].

« Enfin il doit veiller à ce que les griefs du royaume soient pris en considération par le roi ; et reçoivent une juste satisfaction[5]. »

Voilà quelques-unes des attributions du palatin dans l’ordre politique ; pour ce qui regarde les attributions militaires, il est commandant supérieur des forces du royaume, capitaine-général de l’insurrection[6] et comte suprême du comitat de Pesth. Dans l’ordre judiciaire, il est président de la haute cour de Hongrie[7], juge suprême pour tous les cas de succession dans les fiefs qui font retour à l’état.

Le palatin possède une véritable liste civile ; outre les revenus domaniaux affectés à sa charge, il perçoit à son profit une partie des droits régaliens sur le sel, les mines, les successions ; il peut disposer des terres qui font retour à la couronne, tant qu’elles n’excèdent pas une certaine étendue (32 sessions)[8]. Enfin la diète lui vote à son entrée en fonctions une rente annuelle d’environ 400.000 francs.

L’énumération des droits du palatin pourrait être dix fois plus longue ; rien n’échappe à l’universalité de ses pouvoirs : je n’ai voulu indiquer que les plus importans. Mettez ensemble les devoirs et l’autorité d’un vice-roi, d’un premier ministre, d’un président du parlement, d’un juge à la cour suprême, d’un ministre de l’intérieur et d’un généralissime :

  1. Diète de 1687, art. 17.-Diète de 1594, art. 18.
  2. Diète de 1681, art. 1er.
  3. Diète de 1681. — Diète de 1618, art. 56.
  4. Diète de 1741. — Diète de 1790, art. 67.
  5. Diète de 1805, art. 18.
  6. Diète de 1808.
  7. Diète de 1723, art. 24.
  8. Session, c’est l’étendue de terrain qu’une famille de paysans peut cultiver.