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LE


SALON DE 1848.




LA PEINTURE.




Un décret promulgué dans la nuit même de l’insurrection de février avait annoncé que le salon de peinture serait ouvert le 15 mars, comme de coutume. La république, polie comme une majesté déchue, s’est piquée d’exactitude. Quoique le nombre des ouvrages présentés et admis cette fois sans contrôle préalable dépassât cinq mille, le Salon a été ouvert au jour et à l’heure indiqués. Hâtons-nous de le dire, cette sorte de franchise illimitée accordée à l’art ne lui est pas favorable ; l’ordre qu’ont apporté dans ce chaos la direction des musées et le jury de classement nommé par les artistes a sans doute pour effet d’épargner au public quelques fatigues, il ne peut rendre supportable ce qui est mauvais, et, il faut en convenir, quelque douloureux que puisse être cet aveu pour notre amour-propre national, le mauvais surabonde, la médiocrité déborde ; les artistes éminens sont peu nombreux. Le génie comme la vertu est-il donc en grande minorité sur la terre ?

Il semblerait, à la première vue, que la commission de classement désignée par les artistes ait voulu, dans cette opération, faire une application rigoureuse de la devise sacramentelle de la république : Liberté, égalité, fraternité. La liberté était acquise de droit, mais serait-ce