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DE LA POLITIQUE


DU


CALVINISME EN FRANCE.




DUPLESSIS-MORNAI[1]




Au mois d’août de l’année 1572, un jeune gentilhomme de vingt-trois ans, arrivant d’un long voyage à travers l’Europe, remit à l’amiral de Coligny un mémoire sur la guerre contre l’Espagnol, qui semblait alors prochaine et inévitable. L’auteur développait en quelques pages, avec une merveilleuse autorité de raison et de langage, les élémens d’une politique nouvelle pour la France. « Afin d’entretenir la paix au dedans, il faut, disait-il, entreprendre une guerre au dehors, et, comme les bons politiques ont fait de tout temps, mettre un ennemi en tête au peuple françois aguerri par cinquante années de troubles, de peur qu’il ne devienne ennemi à soi-même ; mais il faut que cette guerre soit juste, facile et utile, et telle n’en voit-on aujourd’hui que contre le roi d’Espagne. »

La puissance espagnole envahissait le monde, appuyée sur l’empire et sur la papauté ; la monarchie universelle, qui pour Charles-Quint n’était qu’un rêve, devenait une espérance pour Philippe II. Eh bien ! ce gentilhomme de vingt-trois

  1. Duplessis-Mornai, par M. Joachim Ambert. 1 vol. in-8o. — Au Comptoir des imprimeurs-unis.