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LA


POESIE DIDACTIQUE


A


SES DIFFERENS ÂGES.




La poésie peut-elle enseigner ? Sans aucun doute, mais non toute chose ni en tout temps. Ce qui est encore imparfait, incomplet, ce qui est encore nouveau, inconnu, ce qui, par un mystère à moitié révélé, sollicite la curiosité, l’étonnement, l’admiration ou de l’ignorance, ou du demi-savoir, voilà la matière, la matière unique de son enseignement. Quand on arrive à la science positive, aux traités réguliers, aux leçons en forme, le temps d’un tel enseignement est passé. Il n’existe plus, ou n’existe du moins que par une sorte de convention. De là, dans l’histoire de la poésie didactique, deux époques distinctes, et qu’on ne distingue point assez : l’une, où elle se produit naturellement ; l’autre, où elle n’est qu’une production artificielle.

Il en va de cette poésie comme d’autres genres. Il y a une épopée essentiellement merveilleuse, qui naît partout aux âges primitifs, non-seulement du besoin de fixer la tradition, mais du premier mouvement de l’imagination en présence des scènes toutes nouvelles de la nature et de la société, lesquelles semblent autant de merveilles. Il y en a une autre, dont les auteurs, long-temps après, au milieu du raffinement social, cherchent par un effort savant, rarement heureux, à