nous ne croyons pas devoir répéter ici, parce que nous les avons déjà fait connaître précédemment. La note rappelle succinctement les conditions dans lesquelles la confédération helvétique a été constituée par les traités, les relations que ces traités ont établies entre les parties contractantes, et les obligations dans lesquelles la Suisse se trouve engagée à l’égard des autres puissances. Le langage des quatre cours n’a, du reste, rien de comminatoire ; ce n’est qu’un avis donné à la Suisse que, si elle veut se considérer comme dégagée des traités, les grandes puissances ont de leur côté le droit d’examiner les relations nouvelles qui leur seraient ainsi créées avec la confédération.
Le gouvernement anglais n’a point jugé convenable de s’associer à la démarche faite collectivement par les quatre autres cours ; il a préféré agir seul, et il a fait présenter par son ambassadeur une note séparée. Sir Stratford Canning avait pris part, si nous ne nous trompons, au règlement des affaires de la Suisse en 1815, et il devait naturellement porter un certain intérêt à une œuvre à laquelle il avait concouru. C’est, de plus, un homme d’un caractère très honorable, et le spectacle qui s’est offert à lui à son arrivée en Suisse n’était pas fait pour lui inspirer des sentimens de sympathie ou d’estime à l’égard des radicaux. Sa note offre donc un assez remarquable mélange de complimens flatteurs venant de son gouvernement et de remontrances sévères venant de lui-même. Il accommode comme il peut ses instructions avec ses propres impressions ; il commence par féliciter la diète sur sa victoire, et finit par lui reprocher l’abus qu’elle en fait. Nous ne voudrions d’autres preuves des excès commis par le parti vainqueur que ces remontrances arrachées à l’ambassadeur anglais par la force de la vérité ; mais ce n’est pas encore là le plus curieux de l’affaire. Lord Palmerston a voulu justifier aux yeux de l’Europe la conduite qu’il a tenue dans les derniers événemens de la Suisse, et à cette fin il a communiqué au parlement un gros volume de dépêches. Cette publication a été hâtée pour qu’elle pût coïncider avec la discussion de la chambre des députés de France, et pour rectifier, assure-t-on, les éclaircissemens inexacts et incomplets donnés par M. Guizot.
M. Guizot a, comme on sait, donné lecture dans la chambre des pairs d’une très remarquable dépêche écrite par lord Palmerston en 1832, et dans laquelle le noble lord établissait, en des termes beaucoup plus formels que ne l’eût jamais fait M. Guizot ou M. de Metternich lui-même, le droit d’intervention des grandes puissances dans les affaires de la Suisse et l’illégalité de tout changement auquel ne consentiraient pas toutes les parties contractantes. En comparant le langage de lord Palmerston en 1832 et sa conduite en 1847, on devait naturellement conclure qu’il avait changé d’avis. Eh bien ! c’est précisément de cette interprétation que se plaint amèrement lord Palmerston ; il ne veut pas avoir changé, il prétend qu’il pense encore aujourd’hui exactement ce qu’il pensait il y a dix-sept ans, qu’il est tout aussi prêt à maintenir le droit d’intervention des puissances et le principe de la souveraineté des cantons, et qu’il a été affreusement calomnié par M. Guizot et par la presse ministérielle française. Comment ! accuser lord Palmerston d’avoir encouragé le parti radical par rancune contre le roi Louis-Philippe et contre M. Guizot, quelle injustice ! La vérité est que, sans que personne s’en doutât, le noble lord était le défenseur le plus dévoué du pacte fédéral et des traités, et le protecteur le plus sincère de la souveraineté cantonale. Lord Palmerston ne parait pas songer à cet inconvénient c’est que, s’il se justifie aux yeux du parti conservateur et pacifique en Europe,