conséquent. Le premier sermon que Catulle converti prêche en faveur du mariage, est l’hymne à Diane ; cet hymne est suivi de cinq autres : 1° l’Épithalame de Manlius et de Julie ; 2° le Chant nuptial (c’est proprement une leçon sur l’utilité du mariage, sur les avantages que procure une alliance bien assortie) ; 3° l’Épithalame de Thétis et de Pélée. Catulle a fait des épithalames comme Béranger a fait des couplets de noce ; donc c’est un partisan de l’hymen chaste et pudique. N’oublions pas non plus que dans ce dernier ouvrage, quand il représente Thésée quittant Ariane et rentrant chez lui pour y trouver son père mort et sa famille en deuil, Catulle (sans en avoir l’air) fait la leçon aux fils de famille qui, se laissant-aller aux séductions du célibat, désertent les noces : cela est évident. 4° Dans Atys et Cybèle, même esprit religieux, guerre au célibat. 5° Dans la Chevelure de Bérénice, pièce obscure que M. Legris comprend aisément, leçon d’amour conjugal et fraternel. Enfin, dans ses pièces sur Priape, Catulle plaide la cause de la propriété, car Priape est le dieu des propriétaires : il est bien encore autre chose, et l’on s’en aperçoit de reste à quelques expressions de Catulle ; mais, en lisant ces pièces, gardez-vous d’oublier qu’il est converti, et tâchez de prendre dans un bon sens les obscénités qui lui échappent malgré lui : c’est un vieux souvenir de ses habitudes d’autrefois.
Ainsi, dans les épithalames de Catulle, où nous n’aurions vu que des pièces de circonstance ou des fantaisies de poète, des inspirations passagères et sans conséquence, dans ses priapées même, nous devons reconnaître un cours de morale parfaite. Selon M. Legris, plusieurs des anciens camarades de Catulle le traitaient d’hypocrite, se moquaient de sa prétendue conversion : Catulle crut devoir leur répondre et se justifier dans une pièce où il leur prouve sans doute toute la sincérité de son amour pour la chasteté, mais dont les expressions sont trop libres pour que je la cite ici, même en latin. On ne peut dire combien, pour soutenir sa thèse, M. Legris a employé d’érudition et de ressources ingénieuses. Si c’était simplement un jeu d’esprit, ce serait peut-être charmant ; mais je crains que cela ne soit sérieux.
Il n’est guère permis d’en douter en lisant le second volume de cet ouvrage. La république est vaincue ; la monarchie d’Octave-Auguste est établie ; Horace et Virgile appuient le nouveau monarque de toute la puissance de leur génie. Quand le parti césarien eut installé le trône d’Octave au milieu de la mare de sang des proscriptions, les opposans de la veille devinrent les conservateurs du jour, et il fallut rappeler ces idées d’ordre, de religion, de morale, de propriété, qu’on avait un peu négligées jusque-là. Le rôle de Virgile et d’Horace dans cette réaction est beaucoup mieux attesté que celui de Lucrèce et de Catulle dans la période précédente. Il est fort probable, selon la tradition, que Virgile en cherchant à mettre à la mode le goût de l’agriculture, Horace