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réfléchir, ou du moins pour communiquer au dehors le résultat de ses réflexions, car il déclare en avoir entretenu déjà avec instance plusieurs ministres. Le jeune vainqueur de Mogador et de Tanger est sur les marches du trône ; le duc de Wellington a plus d’autorité en Angleterre que tous les membres de la famille royale ensemble, après la reine. Les deux pièces portent l’empreinte du caractère de chaque interlocuteur. L’un, bouillant, impétueux, comme on l’est quand on a vingt-cinq, ans et un sang généreux dans les veines, propose un plan d’agression au près et au loin ; l’autre, qui est à sa soixante-dix-septième année, et qui s’observe beaucoup, présente un plan purement défensif. C’est comme la demande et la réponse. Ces deux documens ont reçu, ou reçoivent des événemens une ressemblance que je déplore. La Note de M. le prince de Joinville, tout individuelle qu’elle était, a exercé une grande influence. Je ne puis m’empêcher de regarder au moins la loi des 93 millions de subsides extraordinaires votés pour la marine en 1846 comme la conséquence de cette manifestation. Aujourd’hui il est hors de doute que le cabinet anglais, prenant formellement en considération la proposition de lord Wellington, va saisir le parlement d’une loi destinée à la mettre en pratique avec quelques amendemens. C’est annoncé : les détails de la loi à intervenir circulent même tout au long dans les journaux. Pour l’artillerie, l’augmentation de son perssonnel d’un quart est déjà une nouvelle officielle. Cet accroissement de l’effectif est accepté de tout le monde, de ceux-là même qui ont traité fort légèrement la lettre de lord Wellington.

Voici donc quelle est la situation respective des deux peuples : de part et d’autre, on a armé ou l’on arme, et on se dispose à armer encore. Les deux peuples se trouvent de fait le fer à la main en présence l’un de l’autre, celui-ci l’ayant tiré du : fourreau pour attaquer, l’autre disant, par une sorte d’entrée en matière, que c’est uniquement pour se défendre. Du temps de sir Robert Peel et de lord Aberdeen, les deux gouvernemens étaient unis par une commune pensée, et leur bon accord était un gage de paix. Depuis le retour de lord Palmerston aux affaires, le concert des deux cabinets a cessé, et les mariages espagnols y ont substitué une mésintelligence patente. Chez nous, plusieurs des princes de la tribune, pendant plusieurs années, ont tenu envers l’Angleterre un langage provoquant, et un prince du sang royal a publié un programme d’organisation navale que les Anglais ont pu croire inspiré par le désir de les assaillir. Chez les Anglais, en ce moment, on nous observe avec défiance, et le personnage le plus considérable parmi tous les sujets de la reine Victoria a conjuré ses compatriotes de se tenir prêts pour déjouer les projets de dévastation qu’il nous suppose. Les forces qui poussent à un déchirement sont donc multipliées