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LES ANCIENS


COUVENS DE PARIS.




TROISIEME RECIT.
CLEMENTINE




I.

Onze heures sonnaient à l’horloge du château de la Roche-Farnoux, et la nuit sereine était faiblement éclairée par la lune. L’astre aux froids rayons promenait son disque pâle à travers de légers nuages et répandait un crépuscule transparent sur les plateaux arides qui séparent la haute Provence des fertiles rivages du littoral. Les grandes murailles, les hautes tours du château se dessinaient en noir sur le fond éclairci du ciel et couvraient leur ombre les maisonnettes du village de Farnoux. Tout mouvement avait cessé-dans le-vieux-manoir comme dans les humbles demeures des vassaux, aucun bruit ne s’élevait aux alentours, on n’entendait pas même les chiens de garde lâchés dans la première cour. C’était à peine si le silence-universel était troublé de loin en loin par le vol de quelque oiseau nocturne qui, après avoir