Page:Revue des Deux Mondes - 1848 - tome 21.djvu/361

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

elle que le résultat d’une vengeance particulière. Il est probable que le roi avait ordonné qu’on s’assurât de sa personne, mais non qu’on l’assassinât. Dans les temps d’anarchie et de révolution, les haines privées se déguisent souvent sous le nom d’attentats politiques, et il ne serait point extraordinaire que Churrichao eût outrepassé ses ordres, si toutefois il en avait reçu. Au reste, cette sanglante exécution fit perdre au roi plusieurs de ses partisans les plus dévoués. Alvar de Castro, frère de don Fernand, se rendait à Saint-Jacques pour offrir ses services, lorsqu’il apprit le meurtre du prélat. Sur-le-champ il rebroussa chemin, s’enferma dans son château et se déclara pour don Henri. Son exemple fut imité par plusieurs riches-hommes galiciens[1].

Parvenu à la Corogne, don Pèdre y trouva un envoyé du prince de Galles, qui l’engageait à se rendre en Angleterre auprès du roi Édouard IV, lui promettant d’avance l’accueil le plus favorable. Sur cette assurance, il s’embarqua aussitôt avec ses trois filles et ce qu’il avait pu sauver d’or et de joyaux. Il lui restait encore environ trente mille doubles et des pierreries pour une valeur très considérable.


P. MÉRIMÉE.

  1. Ayala, p. 418.