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REVUE DES THÉATRES.




Ce n’est pas nous qui nous plaindrons jamais de voir la littérature échanger le calme contre l’activité, le repos stérile contre les luttes fécondes. Bien souvent nous avons déploré ici même l’esprit d’insouciance ou de découragement qui semble, depuis quelques années, s’être emparé des lettres. Pourtant, si les émotions du combat sont salutaires, c’est à la condition de répondre aux passions, aux intérêts du moment. Quoi de plus attristant, par exemple, que ces malices posthumes, ces exécutions par contumace qui ne tuent et surtout ne ressuscitent personne ? L’Académie française devrait renoncer à ces velléités belligérantes qu’on peut appeler des retours de vieillesse. Elle avait eu, depuis quelques années, de véritables fêtes littéraires, des séances recherchées, attendues, et toujours dignes de cette sympathie qu’elles excitaient d’avance par l’éloquence, les hautes inspirations, la poésie ou la verve qu’on était sûr d’y trouver ; il s’y joignait même parfois quelque chose de vif, d’animé, d’imprévu, de dramatique, qui transformait cette paisible enceinte de l’Institut en une sorte de champ de bataille où s’échangeaient très galamment des coups assez rudes. Depuis l’exemple donné par M. Villemain, avec tant d’exquise urbanité, lors de la réception de M. Scribe, qui était homme, du reste, à soutenir le feu, c’est là peut-être qu’ont été livrés les plus vifs assauts ; la critique s’y est montrée aussi peu voilée que possible, et il sembla, en certains jours, qu’une réception était pour l’amour-propre une épreuve nécessaire avant d’arriver à la paix définitive du fauteuil académique. Il y avait là tout ensemble satisfaction pour l’art et pour cette curiosité maligne qui aime la guerre entre gens d’esprit. A quoi l’Académie a-t-elle dû ce redoublement d’attention, ce bruit flatteur qui s’est fait autour d’elle ? Justement aux choix qu’elle a faits et qui lui ont ramené le public. Oui, dût l’ombre de M. de Jouy en tressaillir, tout ce qu’il y a d’éclairé dans les lettres