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Mais je remarque que je me laisse entraîner hors du cadre dans lequel je voulais me renfermer. Je m’arrête. J’ai fait, en écrivant ces réflexions, un acte consciencieux, dans l’espoir, je ne le cache pas, d’abord de fortifier certains principes fondamentaux de notre ordre social et politique, ensuite de précipiter certaines dispositions vers une réforme que je crois indispensable. Je n’ai nullement voulu marquer un dissentiment personnel. J’entends n’être classé ni comme progressiste, ni comme dissident. J’ai, Dieu merci, assez prouvé, depuis six ans, que je n’aspire à aucun rôle de cette espèce. Je crois sincèremenet servir la cause conservatrice en engageant le ministère à entrer dans cette voie et dans une aussi sage limite.

Je souhaite plus que personne que le parti conservateur reste uni et compact ; mais cette union peut aussi bien résulter d’un pas en avant fait par ceux qui voudraient rester stationnaires, que d’un pas en arrière fait par ceux qui seraient disposés à aller trop vite.

Ainsi que je l’ai dit en commençant, tout opinion résultante doit être une transaction.

Enfin, on m’accordera qu’il vaut mieux chercher à influencer ses amis long-temps à l’avance, que de les abandonner au moment du péril.


Paris, le 24 décembre 1847.


A. DE MORNY.