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l’héritier des Lara. En même temps quelques troupes levées sur les domaines du roi voisins de la frontière s’avançaient pour appuyer les négociations. Les montagnards répondirent fièrement ; il fallut en venir aux mains ; pourtant ni d’une part ni de l’autre la guerre ne fut poussée avec vigueur. La petite armée du roi occupa plusieurs châteaux que les paysans insurgés essayèrent vainement de reprendre. Au bout de quelques mois, après maintes escarmouches sans résultat, l’enfant, cause de la guerre, mourut inopinément à Bermeo. Depuis long-temps les deux filles de don Juan Nuñez étaient au pouvoir d’Alburquerque, et les vastes domaines de Lara séquestrés au profit de la couronne. Dès-lors les hostilités n’avaient plus de prétexte ni de but. Les Biscaïens découragés déposèrent les armes et reconnurent l’autorité du roi.


V.

CORTES DE VALLADOLID. — 1351.


I.

Le soulèvement de la Biscaïe était encore loin d’être apaisé, lorsque don Pèdre, de retour à Valladolid, ouvrit les cortès en personne. Les transactions de cette assemblée, qui se prolongea jusqu’au-delà de l’année 1351, ont été conservées en partie et forment un des monumens les plus curieux pour l’histoire de cette époque. Suivant l’usage, chaque ordre présenta ses cahiers, dont après la session il reçut une expédition en forme accompagnée des décisions royales. Sous le titre de règlement (ordenamiento), les vœux exprimés par les députés et les réponses rendues au nom du souverain allaient prendre place parmi les lois de l’état.

Les réformes réclamées par les trois ordres, les satisfactions ou les promesses données par la couronne font connaître assez exactement sans doute la situation de la Castille. A ce titre, j’entrerai dans un examen sommaire des différens cahiers. Ils sont écrits en langue castillanne, qui remplaçait le latin dans les actes publics depuis les sages règlemens d’Alphonse X ; mais, pour être rédigés dans une langue vivante, ils ne laissent pas de conserver encore bien des obscurités. Elles résultent quelquefois de l’emploi de termes dont la signification exacte est maintenant mal connue, plus souvent du manque de détails et de précision dans l’exposé des demandes présentées au roi. En effet, la rédaction en est, en général, si sommaire et si vague, qu’on doit regarder la pétition écrite comme le simple résumé d’une représentation verbale,