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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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30 septembre 1847.


Ainsi que nous l’avions prévu, la nomination de M. le duc d’Aumale comme gouverneur-général de l’Algérie a soulevé de violentes réclamations, soit en France, soit au dehors. C’est en Angleterre que cette nomination devait faire et a fait en effet le plus de bruit ; l’organe favori de lord Palmerston, le Morning Chronicle, a publié à ce sujet un article vraiment bouffon, où la colère avait fini par atteindre les dernières limites du ridicule. Nous comprenons que tout ce qui peut accroître la grandeur de la France et l’éclat de la monarchie déplaise souverainement à l’orgueil britannique ; mais ce que nous comprenons moins, c’est que le mécontentement de nos voisins s’exprime dans ce langage grotesque. Le Morning Chronicle ne connaît pas la France, il aurait beaucoup à apprendre, s’il voulait se faire sur notre pays des idées justes ; avant tout, il aurait besoin d’apprendre de nous à changer de ton, quand il parle d’une nation qui a été long-temps l’alliée de l’Angleterre et d’une famille royale que la reine Victoria a vue quelquefois avec plaisir. La presse française ne s’exprime pas ainsi sur la nation et sur la famille royale anglaises.

Quoi qu’il en soit, nous ne nous étonnons pas des susceptibilités de lord Palmerston ; nous les avions annoncées d’avance. Ce fougueux adversaire de notre gouvernement ne pouvait voir avec indifférence un acte aussi significatif. L’Angleterre comprend-elle bien maintenant que l’Afrique est une terre pour toujours française ; et que nous n’y avons pas dépensé un milliard pour reculer ? Nous ignorons si, comme on le dit, la nomination de M. le duc d’Aumale a été la réponse du gouvernement français à une notification de lord Palmerston au sujet de l’Algérie ; mais, à coup sûr, s’il n’y a pas eu une correspondance offi-